La grogne des automobilistes résonne jusqu'à l'Assemblée nationale: Québec songe à plafonner le prix de l'essence.

Le ministère des Ressources naturelles analyse actuellement une proposition de l'Association québécoise des indépendants du pétrole (AQUIP).

C'est le député péquiste François Rebello qui a enjoint, mardi, le gouvernement à intervenir. En Chambre, il a fait ressortir que l'augmentation du litre de carburant coûtera environ 1000 $ supplémentaires cette année à chaque famille québécoise. En outre, il a évoqué les exemples du Nouveau-Brunswick et de l'Île-du-Prince-Édouard, où l'essence coûte moins cher, jusqu'à 10 ou 12 cents de moins le litre.

«Pourquoi? a-t-il demandé. Parce que dans ces deux cas le gouvernement fixe un prix maximum. Ici que fait le gouvernement? Il ne fait rien.»

Il a ajouté que non seulement l'Union des consommateurs, mais l'AQUIP, qui représente les détaillants, veulent contrôler les prix.

«Est-ce qu'on peut s'asseoir ensemble, les représentants des deux côtés de la Chambre, et étudier tous les moyens possibles pour réduire le plus possible le prix de l'essence?»

La ministre Nathalie Normandeau a reconnu que «l'augmentation fulgurante des prix de l'essence est une source de très grande frustration pour les consommateurs».

Elle a précisé qu'elle avait rencontré les représentants de l'AQUIP et que leur recommandation était à l'étude.

Elle soutient toutefois qu'«il faut être très, très prudent» quant aux gestes que le gouvernement «pourrait éventuellement poser, parce que le marché de l'essence est un libre marché qui répond à un certain nombre d'aléas» que l'État ne peut contrôler.

Il existe déjà un prix plancher fixé par la Régie de l'énergie, mais l'AQUIP réclame une modification législative pour encadrer aussi le prix maximal. Au prix minimal, on ajouterait une marge de trois cents le litre, qui permettrait une marge maximale de six cents le litre pour le détaillant.

«Il n'y aurait plus de guerres de prix qui pourraient étouffer les détaillants indépendants, des guerres malsaines si on veut», a expliqué la présidente de l'AQUIP, Sonia Marcotte, en entrevue téléphonique mardi.

«Mais ça éviterait aussi les augmentations de prix importantes, qui irritent les consommateurs. Le prix continuerait à fluctuer, il y aurait toujours un jeu de concurrence», a-t-elle dit.

Le consommateur québécois ne profiterait pas pour autant du litre d'essence le moins cher au pays, une fois les taxes ajoutées, mais la concurrence entre de nombreux détaillants continuerait de jouer, a-t-elle précisé. À titre d'exemple, elle a souligné que dans le grand marché de Toronto, où il y a moins de joueurs en raison des guerres de prix, les détaillants font les plus hautes marges.

Mme Marcotte n'a pas rencontré la ministre Nathalie Normandeau, mais dit avoir parlé au personnel de son bureau dans ce dossier il y a quelques temps.