Germain Lamonde a fondé EXFO dans son appartement avec une mise de fonds de 100$. Aujourd'hui, 25 ans plus tard, l'entreprise de haute technologie emploie 1600 personnes et vend pour 228 millions de dollars US par année dans 25 pays.

EXFO est la preuve que le Canada offre un environnement propice pour la création et le développement d'une entreprise de haute technologie, reconnaît M. Lamonde au cours d'un entretien avec La Presse Affaires.

«Les conditions sont là, pourvu qu'on les préserve», dit-il.

Enjeux électoraux

Comme plusieurs autres chefs d'entreprises, le fondateur d'EXFO est préoccupé par des questions qui n'ont pas été beaucoup discutées depuis le début de la campagne électorale. Comme le crédit d'impôt accordé par le fédéral pour la recherche et le développement.

> À lire aussi: Vitalité trompeuse

> À lire aussi: PME, Exprimez-vous!

Ottawa a déjà resserré les conditions d'admissibilité à ce crédit d'impôt, qui avait donné lieu à des abus et qui était jugé trop généreux. Dans leur volonté de réduire les dépenses publiques, les conservateurs pourraient bien l'éliminer, craint-il.

Ce serait une grave erreur, selon lui. «Ce crédit d'impôt sert aux entreprises qui amènent de l'innovation. Et l'innovation, c'est la clé du succès pour le Canada.»

EXFO conçoit des produits qui servent à assurer la fiabilité des réseaux de télécommunications. C'est en développant ces produits à haute valeur ajoutée qu'EXFO a pu continuer à exporter et à augmenter ses ventes et ses profits, malgré l'augmentation de la valeur du dollar.

«Avec un dollar à 1,05$, le Canada n'est plus un pays low cost! explique Germain Lamonde. Tout coûte plus cher ici.»

Le crédit d'impôt à la recherche-développement est un incitatif pour encourager les entreprises à continuer de développer au Canada les produits innovateurs, selon lui.

Il compense en partie les coûts de plus en plus élevés pour avoir accès à des ressources spécialisées.

Autre préoccupation

L'autre sujet d'inquiétudes du fondateur d'EXFO, c'est le développement d'une économie asymétrique. Le boom des ressources naturelles, et particulièrement du pétrole, profite à l'Ouest et comme le dollar est accroché au pétrole, ça nuit largement aux exportateurs de l'Est. «C'est dangereux», estime-t-il, notamment parce que le pétrole est une ressource non renouvelable qui finira un jour par s'épuiser.

Autre danger, selon lui, la grande dépendance de l'économie canadienne au marché américain. Presque 75% de toutes les exportations canadiennes vont aux États-Unis.

«On est trop dépendant du marché américain. Il faut développer des marchés additionnels avec la Communauté européenne, avec le Japon. L'ouverture est importante pour le Canada.»

Ce ne sont pas les entreprises qui se plaindront de la baisse de leur taux d'imposition accordée par les conservateurs. Le patron d'EXFO ne fait pas exception.

C'est très important, selon lui, de maintenir une fiscalité compétitive. «Lorsque la fiscalité n'est pas compétitive, les entreprises se déplacent», plaide-t-il.

Si les baisses graduelles d'impôt prévues par les conservateurs sont maintenues, les entreprises canadiennes auront un des taux d'imposition les moins élevés des pays du G7. Les économistes ne s'entendent pas sur l'impact de ces baisses d'impôt. Certains estiment qu'elles ne se traduisent pas nécessairement par des investissements plus élevés, mais plutôt par une augmentation des liquidités et des profits.

Germain Lamonde n'est pas de ceux-là. «Les entreprises cherchent toujours à générer de la croissance», soutient-il.

Lui-même rêve de revenus de 1 milliard pour EXFO. Un jour.

***

Proportion des exportations aux États-Unis

2010

Québec 67,80%

Canada 74,90%

***

La liste de Montréal

Un nouveau pont Champlain ne réglera peut-être pas tous les problèmes du Québec, mais il contribuera énormément au développement économique de Montréal, estime la chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Le nouveau pont vient en tête des dossiers jugés prioritaires par la Chambre et pour lesquels elle veut obtenir des engagements fermes des partis fédéraux.

Les autres sont, dans l'ordre :

> du financement pour la navette vers l'aéroport

> investir dans la mise en valeur du Vieux-Port

> donner plus d'argent pour la recherche universitaire

> renoncer à la commission des valeurs mobilières unique

***

Taux de chômage

7,7% Québec

8,1% Ontario

7,7% Canada

Croissance économique

2008/2009 /2010

Québec 1,10% /-0,30% /2,90%

Ontario -0,90% /-3,60% /2,70%

Alberta 1,40% /-4,50% /3,50%

Une province pauvre

Six provinces sur 10 reçoivent de la péréquation

Québec 7,8 milliards

Ontario 2,2 milliards

Manitoba 1,6 milliard

Nouveau-Brunswick 1,5 milliard

Nouvelle-Écosse 1,2 milliard

Île-du-Prince-Édouard 329 milions