Il a beau avoir très mauvaise presse depuis plusieurs mois, le secteur de la construction a fortement contribué à la croissance économique québécoise en 2010 et continuera de le faire en 2011, quoique dans une mesure un peu moindre.

«Le secteur de la construction va demeurer l'une des principales locomotives de la croissance», affirment les économistes de la Banque Scotia dans leurs plus récentes prévisions pour le Québec.

«Grâce à des investissements dans des projets industriels, notamment dans le secteur des métaux de première fusion, à l'expansion de l'industrie minière et à des projets hydroélectriques de longue haleine, le monde de la construction ne manquera pas de dynamisme», ajoutent-ils.

Au premier semestre de 2010, le nombre d'heures travaillées dans la construction a progressé de sept pour cent par rapport à la même période de 2009, grâce principalement aux secteurs résidentiel et industriel.

On ne connaît pas encore les chiffres pour les derniers mois de 2010, mais l'activité a probablement ralenti, à l'image du reste de l'économie.

Les économistes s'entendent à dire que le nombre de mises en chantier reculera en 2011, se chiffrant à environ 45 000 contre 50 000 en 2010. En revanche, les investissements en infrastructure devraient se poursuivre à bon rythme.

Par ailleurs, les Québécois qui songent à acheter une maison seront heureux d'apprendre que les prévisionnistes de la Banque TD entrevoient une baisse du prix moyen des propriétés en raison d'une baisse importante du nombre de transactions anticipées. De plus, les économistes s'attendent généralement à ce que le taux directeur de la Banque du Canada demeure inchangé, à un pour cent, jusqu'à l'été 2011.

Commerce de détail

Un autre secteur important de l'économie québécoise, le commerce de détail, risque toutefois de pâtir de la hausse de la taxe de vente du Québec (TVQ), dont le taux passera de 7,5 à 8,5 pour cent le 1er janvier. Par conséquent, les économistes prévoient que la progression des ventes des magasins ralentira, passant de cinq pour cent en 2010 à environ quatre pour cent en 2011.

Interrogé à ce sujet plus tôt ce mois-ci, le ministre des Finances, Raymond Bachand a soutenu que la TVQ constituait la ponction gouvernementale «qui fait le moins mal à l'économie», avant de répéter que Québec ne faisait que reprendre le champ déserté par Ottawa en 2006, lors de la réduction du taux de la TPS.

Fabrication

La force renouvelée du dollar canadien continuera de donner du fil à retordre au secteur de la fabrication. La majorité des économistes estiment que le huard restera près de la parité avec le billet vert en 2011, voire au-delà.

«C'est sûr que le secteur manufacturier va continuer à s'effriter par rapport à l'ensemble de l'économie», prévient François Dupuis, économiste en chef du Mouvement Desjardins.

«C'est sûr que ce n'est pas un secteur d'avenir et il faut faire une transition vers les secteurs plus porteurs, ajoute-t-il. Il faut soutenir les gens qui écopent dans ces usines-là, mais (le déclin) est un peu inévitable.»

Depuis 2005, la main-d'oeuvre manufacturière québécoise a fondu de près de 20 pour cent, d'après la Banque Scotia. L'institution rappelle cependant que d'autres secteurs ont pris le relais, notamment la finance, l'assurance, l'immobilier, les services professionnels et la construction.

On s'attend à ce que le sous-secteur de l'aéronautique poursuive son lent redressement. Le véritable envol devra toutefois attendre 2012. Entre-temps, la croissance des exportations québécoises, grandement tributaire de cette industrie, se limitera à 1,4 pour cent en 2011, selon Desjardins. Ce sera tout de même mieux que la mince progression de 0,4 pour cent projetée pour 2010.

«Comme la demande américaine demeure très faible, nos exportations vont continuer de souffrir», a résumé M. Dupuis.

Emploi

Le Québec a récupéré 160 pour cent des emplois perdus pendant la récession, soit une performance supérieure à celle du reste du Canada, ne cesse de se féliciter le gouvernement de Jean Charest. Pas moins de 112 000 emplois ont été créés depuis le creux enregistré en juillet 2009.

La plupart des économistes prévoient qu'en 2011, le taux de chômage du Québec se situera à 7,5 pour cent en moyenne. Il devrait ainsi se maintenir en deçà de celui de l'ensemble du Canada, pour lequel les attentes oscillent entre 7,5 et 8,1 pour cent.

En résumé, après un léger recul du produit intérieur brut (PIB) réel du Québec en 2009 et une croissance qui frôlera les trois pour cent en 2010, les économistes prévoient une progression plus modeste en 2011. La Banque de Montréal pronostique une hausse de 2,5 pour cent; Desjardins, de 2,5 pour cent; la Banque Nationale, de 2,2 pour cent; la Banque TD, de 2,1 pour cent et la Banque Scotia, de 1,9 pour cent.

Enfin, pour les investisseurs, Desjardins et la Banque Nationale croient que l'indice S&P/TSX de la Bourse de Toronto gagnera environ 10 pour cent en 2011 pour terminer l'année autour de 14 300 points.