Les caisses de retraite des employés municipaux continuent de plomber les finances de Montréal, a affirmé le maire Gérald Tremblay en présentant son budget, hier. Tellement qu'il compte revoir les avantages sociaux dont bénéficient les fonctionnaires et les travailleurs manuels.

Les dépenses de la Ville ont augmenté de 5% dans son budget 2011, et elle s'établissent à 4,5 milliards de dollars. L'administration Tremblay a donc augmenté le fardeau fiscal des contribuables de 4,3%, en plus d'imposer des frais de 45$ pour chaque véhicule immatriculé dans l'île.

Le maire assure que les finances publiques sont loin d'être hors de contrôle. La Ville doit toutefois renflouer les pertes subies par les caisses de retraite il y a deux ans. Gérald Tremblay affirme que ces sommes constituent les deux tiers des hausses de dépenses.

«N'eût été les charges additionnelles relatives aux régimes de retraite, la hausse du budget de fonctionnement aurait été de 1,8%», a-t-il affirmé.

La crise boursière a saigné les différentes caisses de retraite des employés municipaux: elles ont fondu de 2,3 milliards en 2008, soit près de 18%. L'impact budgétaire sur Montréal est énorme, puisque la loi oblige les employeurs à renflouer les pertes.

L'administration Tremblay a échelonné les paiements sur quatre ans, ce qui lui permet de tenir compte des rendements positifs au cours des bonnes années. Malgré tout, la Ville consacrera plus de 76 millions pour combler le manque à gagner en 2011, en tenant compte de différentes déductions et de programmes d'aide gouvernementaux. Elle continuera à payer jusqu'en 2013.

Dans ce contexte, dit le maire Tremblay, la Ville doit repenser les conditions de travail qu'elle consent à ses employés. Si l'on additionne la rémunération, les charges sociales et les avantages sociaux, sa masse salariale bondira de 11,3% pour atteindre 2,2 milliards en 2011.

«Si vous regardez la rémunération globale, en incluant les fonds de pension, il y a un grand point d'interrogation, à savoir si la Ville de Montréal peut continuer à être aussi généreuse», a-t-il affirmé.

Les syndicats sceptiques

Le syndicat qui représente les fonctionnaires municipaux a vivement dénoncé la sortie du maire. Sa présidente, Monique Côté, accuse l'administration Tremblay de faire porter l'odieux de ses problèmes financiers aux employés.

«C'est simplement une façon de justifier la hausse des taxes, a-t-elle déploré. Nous, ça fait des années qu'on dénonce la mauvaise structure de la Ville de Montréal.»

Le syndicat des cols blancs fait campagne depuis des mois pour dénoncer la désorganisation de l'appareil municipal. Mme Côté affirme que ce sont les problèmes de structure - et non les salaires des travailleurs - qui font en sorte que les contribuables ne bénéficient pas des économies d'échelle que devaient entraîner les fusions municipales.

Les propos du maire ont aussi surpris le Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal. Son porte-parole, Marc Ranger, a assisté à une rencontre avec les fonctionnaires du service des finances quelques minutes avant la présentation publique du budget. Et on l'avait alors assuré que la situation des caisses de retraite était parfaitement sous contrôle.

«Le régime n'est pas du tout en difficulté, a-t-il souligné. Il n'y a aucun lien à tracer entre la hausse de taxes et l'état du régime de retraite.»

Informé des propos du maire sur les avantages sociaux, il a fait valoir que le nombre de cadres et de contremaîtres, dont les salaires sont beaucoup plus généreux que ceux des travailleurs, augmente chaque année. On compte 8,5 employés pour un cadre, affirme-t-il, alors que les entreprises privées en comptent généralement 12 ou 13.

«Quand on parle d'avantages sociaux et de charges, a-t-il indiqué, j'aimerais bien qu'on regarde de ce côté-là.»