La fusion d'Investissement Québec (IQ) et de la Société générale de financement (SGF) annoncée au mois de septembre aura plutôt l'allure d'une prise de contrôle de celle-ci par celle-là.

La Presse a appris hier que le nouvel organisme conservera le nom d'Investissement Québec. Cette appellation se trouve dans le projet de loi d'une soixantaine d'articles qui doit être présenté jeudi à l'Assemblée nationale.

Le temps presse pour Québec. Lors de leur annonce, à la mi-septembre, les ministres Clément Gignac et Michelle Courchesne avaient prédit que tout serait en place pour la prochaine année financière, au mois d'avril 2011.

Le nom de la nouvelle entité, discuté au comité dirigé par l'ancien sous-ministre aux Finances, Jean Houde, est vite tombé sous le sens: Investissement Québec dispose d'une douzaine de bureaux à l'étranger, où travaillent une quinzaine de représentants. Changer de nom aurait annihilé tous les efforts qui ont été faits pour faire connaître la société publique.

Même si Québec avait parlé de fusion, il y aura fort à faire pour que l'opération n'ait pas l'air d'une simple prise de contrôle de la SGF par Investissement Québec. Dans les deux sociétés, par ailleurs, on n'a pas beaucoup apprécié cette opération, annoncée à la dernière minute.

Les économies de 15 millions de dollars par année évoquées par les ministres Gignac et Courchesne lors de leur annonce restent totalement à préciser. Seule rationalisation à l'horizon, Mme Courchesne avait indiqué à l'époque qu'il ne pourrait y avoir 23 vice-présidents - le nombre actuel de cadres supérieurs dans les deux sociétés.

Simplifier les services aux entreprises

Avec cette fusion, Québec veut simplifier ses services aux entreprises. La SGF prend des participations dans le capital-actions d'entreprises dans des secteurs stratégiques. Investissement Québec se spécialise dans les prêts et les garanties de prêts aux entreprises émergentes. Les deux missions seront confiées désormais à un seul organisme.

Le financier Pierre Brunet avait dès 2003 recommandé cette simplification du labyrinthe administratif. L'économiste Pierre Fortin avait repris ces conclusions dans un rapport produit à la demande de Monique Jérôme-Forget à l'époque où elle était aux Finances.

Le projet de fusion ne mobilisait guère d'énergie, toutefois, avant que le ministre Gignac, juste avant l'été, ne le réactive.

Le projet de loi prévoit que le siège social de la nouvelle société sera à Québec. IQ y avait déjà son siège social. La SGF se trouve uniquement à Montréal.

La SGF a un peu plus de 100 employés pour un budget de fonctionnement de 30 millions de dollars, mais elle a encaissé de lourdes pertes au cours des dernières années. Investissement Québec, qui s'autofinance, emploie 400 salariés pour un budget d'un peu moins de 60 millions. Les deux organisations comptent un total de 16 bureaux régionaux.

«Tout se fera dans le respect des employés, des entreprises et des partenaires», avait dit Mme Courchesne, qui n'a pas voulu présumer des recommandations du comité de transition quant au nombre de postes à abolir. «Les expertises sont différentes, il n'y a pas autant de dédoublement que les gens peuvent le croire», a dit M. Gignac.

450 employés

On pense que le nouvel organisme emploiera environ 450 personnes, soit à peine moins que ce que comptent actuellement, au total, les deux sociétés.

À Québec, on indique que la SGF a été victime de ses mauvais rendements. La SGF a encaissé 1 milliard de pertes en 10 ans, dont la moitié au cours des deux dernières années. La crise financière a durement touché le portefeuille mais, surtout, «plus de 95% du milliard de pertes viennent d'investissements réalisés avant 2003», avait soutenu M. Gignac, volant au secours de la SGF.