L'organisation qui naîtra de la fusion entre la Société générale de financement (SGF) et Investissement Québec devrait se tenir loin des investissements en capital-actions dans les entreprises, qui n'ont jamais généré un rendement acceptable depuis 1962.

C'est la conclusion que tire Claude Garcia, dans un bilan de la performance de la SGF préparé pour l'Institut économique de Montréal qui sera publié aujourd'hui.

La SGF, dont le mandat était de prendre des participations dans les entreprises, a coûté 2,6 milliards de dollars depuis sa création il y a 48 ans, a estimé M. Garcia. Avec cet argent, elle a généré un rendement annuel moyen de -1%.

Si le gouvernement avait investi cet argent à la Bourse de Toronto, il aurait obtenu un rendement annuel moyen de 9,9%.

L'ancien patron canadien de la Standard Life reconnaît que son bilan ne tient pas compte de l'activité économique et des rentrées fiscales générées par les investissements de la SGF pendant près d'un demi-siècle.

«C'est du développement économique qui n'en est pas vraiment, rétorque-t-il dans un entretien avec La Presse Affaires, parce que c'est déficitaire au bout du compte.»

Son bilan des activités de la SGF a été préparé avant l'annonce de la fusion avec Investissement Québec. Si un des deux modèles devait survivre, il vaudrait mieux que ce soit celui d'Investissement Québec, qui se contente de faire des prêts et des garanties de prêts, selon Claude Garcia.

Remodelage

Le président d'Investissement Québec, Jacques Daoust, n'est pas de cet avis. «Je ne pense pas que ça doit être limité à faire du crédit», a-t-il dit hier après s'être adressé aux membres de l'Association des MBA du Québec.

M. Daoust, qui a été banquier dans une autre vie, travaille actuellement avec l'ancien ministre des Finances Jean Houde à remodeler les activités de la SGF et d'Investissement Québec. Il prévoit que la nouvelle entité issue de la fusion aura un mandat plus large que chacune de deux organisations qu'elle remplacera. «La bonne nouvelle, c'est, je pense, que l'unité regroupée va avoir un coffre d'outils plus complet», a-t-il dit.

La nouvelle entité devrait continuer de pouvoir prendre des participations dans les entreprises, parce que les entreprises en ont besoin, estime Jacques Daoust. «Les entreprises ont besoin de tout, et surtout de capital patient.»

Trop patient

Claude Garcia, de son côté, pense que la SGF a été trop patiente avec les fonds qu'elle investit. Par exemple, elle est actionnaire depuis 2004 dans Diaquem, une entreprise qui cherche des diamants sur la Côte-Nord. «Pourquoi doit-on fournir du capital à une entreprise minière alors que le Québec possède déjà un programme fort généreux d'actions accréditives pour ce type d'activité?» demande-t-il.

De même, la SGF détient depuis 1989 une participation de 13% dans l'aluminerie Alouette de Bécancour, qu'elle n'a pas su vendre lorsque le prix du métal a atteint des records. «Ici encore, on constate que la SGF n'a pas de stratégie de sortie», estime Claude Garcia.

Celui qui voudrait privatiser Hydro-Québec est d'avis que la SGF a déjà servi le Québec, mais qu'elle n'est plus utile.

Avec le temps, elle a accumulé «un assemblage hétéroclite de placements sans fil conducteur», croit-il.

Et sa performance s'est détériorée. «Tant la fréquence que l'importance des pertes ont augmenté de façon substantielle au cours des 10 dernières années», constate Claude Garcia après avoir épluché tous ses rapports annuels.