Un groupe de gens d'affaires veut «réveiller» les Québécois, s'attaquer à leur attitude, pour casser la morosité et l'immobilisme des baby-boomers.

Les 250 personnalités du milieu des affaires tiendront un forum à Québec le 9 novembre pour discuter des enjeux urgents de notre société, parce que «les politiciens sont trop pris par leurs propres problèmes, leurs propres querelles» pour agir.

C'est l'avis de l'instigateur du projet, Marcel Côté, le fondateur du Secor, une société d'experts-conseil, qui veut donc s'adresser d'abord à la population, pour changer son attitude, «le principal frein», et trouver un «nouveau modèle de développement».

Baptisé «Focus stratégique du Québec», le forum est parrainé par le grand patron de la Caisse de dépôt et placement, Michael Sabia.

«Nous aurons collectivement à répondre à des questions importantes qui nous concernent tous», a-t-il affirmé en téléconférence. Le monde a changé et les conséquences sont importantes pour le Québec, a-t-il poursuivi, en raison de l'émergence de nouvelles puissances économiques telles que le Brésil, l'Inde et la Turquie.

«On tire de la patte par rapport au reste du Canada, aux États-Unis, aux économies émergentes, il faut qu'on se réveille!» a lancé M. Côté, en conférence de presse, entouré de représentants du monde des affaires.

«Il y a une grande soif d'action pour briser l'immobilisme», a-t-il confié dans un entretien à La Presse Canadienne. Cette inertie est un «problème générationnel» qu'il associe aux baby-boomers, «qui ont pris le contrôle» au moment de la Révolution tranquille.

«Maintenant, quand ils rêvent, c'est le vendredi après-midi, à leur barbecue du soir. Ils n'ont plus cette soif. Le Québec s'enlise.»

Un des entrepreneurs participants, Marc Boutet, de la société De Marque, a soutenu qu'il «faut rêver», qu'il «faut se permettre de rêver».

Dans son document de réflexion, le groupe esquisse le même diagnostic que beaucoup d'autres économistes et gens d'affaires. Le Québec souffre de sa faible productivité, de son endettement, et de son mauvais bilan énergétique.

Selon les gens d'affaires, il faut d'abord faire de l'éducation une priorité nationale et réduire le décrochage. Ils veulent aussi repenser le rôle de l'État tout en préservant la tradition social-démocrate du Québec.

Aussi, M. Côté appelle à davantage de «flexibilité et de dialogue dans les structures», à l'instar de certaines économies européennes, qui ont réussi des changements, même si leur taux de syndicalisation est supérieur au Québec.

M. Côté essaie d'ailleurs d'élargir le cercle des participants du forum au-delà du monde des affaires, mais il y a une «méfiance traditionnelle», a-t-il reconnu.

Le mouvement devrait accoucher d'un rapport le plus concis possible, au plus tard au printemps prochain, et d'autres étapes pourraient s'ajouter.

«C'est un voyage, on ne sait pas où ça va aboutir», a conclu M. Côté.