Les taxis montréalais se portent mal? Peut-être iraient-ils mieux si les clients savaient où les trouver.

«C'est extrêmement difficile de repérer un poste de taxi à Montréal: il y a un poteau avec une petite pancarte qui interdit de stationner parce que l'emplacement est réservé aux taxis», lance en rigolant le designer industriel Patrick Messier.

Il est le président du jury d'un concours de design, lancé au printemps dernier par Design Montréal, pour la conception de postes d'attente distinctifs, bien identifiés et éclairés la nuit. Les quelque 450 postes de taxi que compte l'île de Montréal seraient ainsi uniformisés et faciles à repérer... notamment par les touristes.

Aucun contrat ne sera cependant octroyé à l'issu du vote final du jury. Pas immédiatement, du moins. «C'est un concours d'idées, rappelle Helen Fotopulos, responsable du design à la Ville de Montréal. Les résultats visent à nourrir la réflexion sur cette problématique.»

Patrick Messier voit dans ce projet un outil pour la revitalisation de l'industrie du taxi montréalais, en même temps qu'une réplique aux plaintes que celle-ci formule à propos des vélos libre-service Bixi. «L'avantage du Bixi, c'est justement qu'il y a des postes facilement repérables et qu'une image de qualité est reliée au produit, lance-t-il. Il n'y aucune image de qualité reliée à l'industrie du taxi.»

Mais l'industrie a commencé à y travailler. Au printemps, un nouveau support publicitaire rétro-éclairé, incluant un lanternon, est apparu sur 375 voitures. Depuis mai, Taxicom, l'entreprise qui vend ces espaces publicitaires, a versé plus de 95 000$ en commissions aux propriétaires participants, soit environ 150$ par mois et par voiture. «On est très satisfait, c'est un gros montant en si peu de temps», commente son président Marc Limoges.

L'accueil des chauffeurs-locataires a été nettement plus tiède. «Ils aimeraient recevoir une part de ces revenus supplémentaires, mais on ne peut que traiter avec les propriétaires, explique M. Limoges. Mais certains d'entre eux ont accepté de partager les revenus avec les chauffeurs.»

La deuxième phase est en cours: 300 à 400 nouvelles enseignes seront installées d'ici le 1er septembre, ce qui représentera près de 25% du parc montréalais.

De son côté, la firme Imago a conçu une signature visuelle, qui utilise l'abréviation MTL de Montréal, le T étant cerclé pour former un logotype identifiant les taxis. Toutes les voitures devront l'arborer d'ici deux ans.

Enfin, un nouveau lanternon de forme standardisée, semblable à celui qui orne les supports publicitaires de Taxicom, fera bientôt son apparition sur les voitures-taxis.

L'idée d'uniformiser les taxis eux-mêmes circule depuis longtemps - un bleu Québec notamment. Mais le fait que plusieurs chauffeurs utilisent leur taxi comme voiture personnelle constitue un obstacle. Et s'il faut fixer une couleur, l'industrie songe plutôt au vert. Une voiture hybride ou électrique standardisée serait une excellente façon de réduire les coûts d'exploitation et d'afficher une image positive. Marc Limoges demeure discret mais confirme qu'une réflexion est en cours. Chose certaine, des bornes de recharge sont partie intégrante du concours de postes d'attente. Pour prospérer, le taxi doit devenir branché.