Le géant québécois de l'ingénierie SNC-Lavalin (T.SNC) aimerait étendre sa participation dans des partenariats publics privés à l'étranger alors que l'intérêt pour ce modèle d'affaires diminue au Canada.

Le président et chef de la direction de l'entreprise montréalaise, Pierre Duhaime, a déclaré vendredi que les PPP n'avaient pas encore donné leur plein potentiel même si SNC-Lavalin a récemment dû en abandonner un dans le cadre du projet de lien ferroviaire entre Toronto et l'aéroport Pearson, en raison d'un manque de financement.

«Nous étendons notre territoire géographique, alors même si nous constatons peut-être un petit recul ici, en nous déplaçant un peu plus sur la scène internationale, nous pouvons accroître facilement (la participation de SNC dans des PPP)», a affirmé M. Duhaime lors de la téléconférence tenue pour commenter les résultats du deuxième trimestre.

Les gains tirés de tels projets ont contribué à faire progresser les profits nets de la société de 22% au cours de la période qui a pris fin le 30 juin.

Le bénéfice net a atteint 97,7 millions $ (64 cents par action) au deuxième trimestre, en hausse de 22,1% par rapport aux 80 millions $ (53 cents par action) dégagés pendant la même période de l'an dernier.

Le chiffre d'affaires a pourtant reculé de 3% pour s'élever à 1,43 milliard $.

L'entreprise attribue la progression des profits à des bénéfices d'exploitation plus élevés provenant des secteurs Investissements-concessions d'infrastructure ainsi que Produits chimiques et pétrole, lesquels ont été partiellement contrebalancés par une baisse des bénéfices d'exploitation des secteurs Mines et métallurgie de même qu'Infrastructures et environnement.

Abstraction faite de la contribution provenant d'investissements comme ceux faits dans le gestionnaire de l'autoroute 407 en Ontario, AltaLink et l'exploitant d'une centrale d'énergie en Algérie, le bénéfice net a reculé de 8,4% pour s'établir à 73 millions $.

Dans le cadre de PPP, des entreprises construisent des hôpitaux, des routes et d'autres projets et les gèrent pendant des décennies avant de les remettre aux gouvernements.

Les États-Unis, qui ne sont pas particulièrement entichés des PPP jusqu'à maintenant, commencent à s'y intéresser parce que les divers gouvernements du pays ne veulent pas financer des projets coûteux alors qu'ils font face à de graves déficits, a soutenu Pierre Duhaime.

SNC-Lavalin a récemment signé un contrat de 1,6 milliard $ étalé sur 34 ans pour concevoir, construire et gérer le plus important PPP hospitalier au Canada. Le futur Centre universitaire de santé McGill doit ouvrir ses portes en 2014. L'entreprise réalise également en PPP le nouvel amphithéâtre de l'Orchestre symphonique de Montréal.

M. Duhaime s'est dit déçu par l'échec du financement de la liaison ferroviaire de l'aéroport de Toronto. Il a expliqué que les prêteurs s'étaient montrés réticents à participer au montage financier du projet mis en place par SNC-Lavalin.

«Par conséquent, une entente conforme à nos normes de tolérance au risque n'a pas pu être conclue avec le prêteur qui était sur les rangs», a-t-il raconté.

Le chef de la direction financière de SNC, Gilles Laramée, a assuré que l'entreprise n'avait l'intention de vendre aucune de ses participations dans des concessions, y compris dans celle de l'autoroute 407, parce que cela pourrait compromettre l'obtention de futurs contrats.

SNC-Lavalin a relevé vendredi ses prévisions de profits pour 2010 à la lumière de ses solides résultats du premier semestre et compte tenu des contrats que l'entreprise s'attend à décrocher prochainement.

«Alors que le pire de la récession est derrière nous au Canada, nous voyons de bonnes occasions pour des projets majeurs ici et à l'étranger, a déclaré M. Duhaime. Nous prévoyons désormais que notre bénéfice net de 2010 sera supérieur à celui de 2009.»

L'analyste Pierre Lacroix, de Valeurs mobilières Desjardins, a estimé que la faible performance des activités fondamentales d'ingénierie et de construction, au deuxième trimestre, allait préoccuper plusieurs investisseurs. Il s'attend néanmoins à ce que SNC-Lavalin connaisse un bon deuxième semestre.

Le carnet de commandes de SNC-Lavalin se chiffrait à 11,4 milliards $ à la fin de juin 2010, un niveau comparable à celui de la fin de mars 2010. À la fin 2009, il s'établissait à 10,8 milliards $.

L'action de SNC-Lavalin a gagné 47 cents vendredi pour clôturer à 47,76 $, à la Bourse de Toronto.