Le ministre du Développement économique, Clément Gignac, lance une révision des programmes d'aide aux entreprises qui pourrait se traduire par une diminution des dépenses gouvernementales à ce chapitre.

M. Gignac en a fait l'annonce lundi matin au Conseil des partenaires économiques, qui regroupe le Conseil du patronat et des chambres de commerce.

«Ce qu'on veut faire, c'est ouvrir le chantier de la révision de l'aide aux entreprises d'ici le mois de juin», a déclaré le ministre en entrevue à La Presse Canadienne à l'issue d'un discours prononcé devant le Cercle de la finance internationale de Montréal.

«Maintenant que la crise est terminée et qu'on est vraiment rentrés dans la relance, il y a peut-être des programmes qu'on peut revoir», a-t-il précisé.

Le budget déposé le mois dernier par le ministre des Finances, Raymond Bachand, met à contribution le gouvernement et les contribuables pour redresser les finances publiques, a rappelé Clément Gignac. Or, a-t-il ajouté, les entreprises doivent elles aussi faire un effort.

Il faut «regarder si chacun (des programmes d'aide) répond encore aux objectifs qu'on s'est fixés», a expliqué le ministre.

«Est-ce qu'on peut les rendre plus efficaces? a-t-il poursuivi. Peut-être qu'on resserrera certains programmes, c'est sur la table. (...) Le but, c'est évidemment que le contribuable en ait plus pour son argent.»

Le milieu des affaires québécois réclamait ce réexamen depuis plusieurs mois. M. Gignac a indiqué lundi qu'il comptait inviter des experts comme Robert Gagné, professeur à HEC Montréal et directeur du Centre sur la productivité et la prospérité, à participer aux travaux.

Québec verse chaque année quelque 3,2 milliards $ en aide financière aux entreprises, dont 2,2 milliards $ en crédits d'impôt et plus de 900 millions $ en prêts. Sont également compris dans cette enveloppe les quelque 255 millions $ que le gouvernement a accordés en subventions non remboursables aux entreprises au cours des trois dernières années.

Le Québec est beaucoup plus généreux que les autres provinces en la matière. Le ministre Gignac justifie notamment l'écart par le fait que les entreprises québécoises font plus de recherche et développement que celles du reste du pays, en raison notamment de la forte présence des secteurs de l'aéronautique et de la biopharmaceutique.

Dans les mois qui ont suivi son arrivée au pouvoir, en 2003, le gouvernement du premier ministre Jean Charest avait réduit de quelques millions de dollars l'aide aux entreprises.

Budget

Clément Gignac a par ailleurs laissé entendre lundi que Québec s'apprêtait à lancer une «campagne de publicité plus agressive» pour faire la promotion du budget Bachand, fort mal accueilli par la population à cause des nombreuses augmentations de taxes et de tarifs qu'il contient.

«On a un travail à faire, toute l'équipe ministérielle et le caucus, pour expliquer le budget sur toutes les tribunes», a-t-il affirmé.

Citant des chiffres du fiscaliste Luc Godbout, de l'Université de Sherbrooke, M. Gignac a soutenu que pour un couple gagnant 75 000 $ par année, le budget allait se traduire par une charge additionnelle de «seulement» 3,10 $ par jour. De plus, a-t-il martelé, 23% des Québécois n'auront pas à débourser la nouvelle contribution santé, qui se chiffrera à 25 $ cette année, à 100 $ en 2011 et à 200 $ en 2012.

L'objectif du budget, c'est que le Québec «sorte de la chaise du dentiste avant les autres», a illustré le ministre.