Le nouveau président de La Ronde dévoile la nouvelle sensation de l'été 2010 et fait le point sur la relation du parc d'attractions montréalais avec son propriétaire américain Six Flags, en difficulté ces derniers mois.

Philippe Bélec s'assoit à son bureau et consulte aussitôt la météo de la journée, du lendemain et du surlendemain sur son ordinateur. Et ce, même si La Ronde n'ouvre ses portes qu'à la mi-mai! Une habitude qu'on adopte rapidement quand on dirige un parc d'attractions. «Ce qui m'agace, c'est que la moitié du temps, quand on annonce de 30% à 40% de probabilités de mauvais temps, il finit par faire beau, dit-il. Il est alors trop tard pour convaincre les gens de se rendre à La Ronde.»

Connaîtra-t-on un été chaud et ensoleillé en 2010, contrairement aux deux dernières années? Le président de La Ronde, en poste depuis novembre dernier, le souhaite, sans toutefois se ronger les sangs. «L'affluence a légèrement baissé ces deux derniers étés, indique-t-il. Mais on a été moins touchés que les zoos et les parcs aquatiques par exemple. Le temps frais ne cause pas de tort à La Ronde.»

En entrevue à La Presse Affaires, Philippe Bélec ne traduira pas en chiffres cette baisse. Le rapport annuel de Six Flags (propriétaire à 100% de La Ronde - manèges et édifices - et de 19 autres parcs d'attractions aux États-Unis et au Mexique) confirme une baisse globale des entrées, qui sont passées de 534,8 millions de dollars en 2008 à 489,5 millions l'an dernier. «L'entreprise ici roule bien, affirme toutefois Philippe Bélec. La Ronde, c'est un succès. C'est l'attraction touristique payante la plus populaire ici.»

Les problèmes financiers de Six Flags, qui vient tout juste d'éviter la faillite après neuf mois d'incertitudes, touchent de loin La Ronde. «Nous agissons de façon indépendante, assure Philippe Bélec. La Ronde est une société en commandite au Québec et est liée à la Ville de Montréal (propriétaire de l'emplacement). Les frontières font en sorte que nous sommes blindés.»

Philippe Bélec dit ne voir que des avantages de faire partie de la famille Six Flags, dont la dette atteignait 3,2 milliards en septembre. «Bien que ce fut un choc pour les gens quand Six Flags a acheté La Ronde, ce fut une bonne affaire, dit le président. Un parc thématique ne peut vivre seul. On profite d'une expertise incroyable.»

En acquérant La Ronde, en 2001, le géant américain des parcs d'attractions a promis d'investir 90 millions en quatre ans dans l'amélioration de l'offre aux clients, de la propreté et la sécurité de l'emplacement, question de faire croître la clientèle de 1 à 2 millions de personnes annuellement. Promesse respectée! En neuf ans, on a entre autres installé 18 nouveaux manèges - dont le Goliath, le Vampire et le Vertigo - en plus d'avoir aménagé l'aire de jeux pour enfants Pays de Ribambelle.

L'ouverture de La Ronde à la fin du printemps s'accompagne ainsi souvent du lancement d'un nouveau manège de taille. Cette année, la clientèle pourra essayer ce que la direction appelle pour l'instant le SLC (Suspended Looping Coaster). Un nom aussi vertigineux que l'expérience que Philippe Bélec promet à sa clientèle téméraire: cinq pirouettes les jambes suspendues dans les airs à 90 kilomètres à l'heure. Pour faire monter d'un cran de plus la frousse des clients, 50% de la structure du SLC est perchée au-dessus du lac des Dauphins, au milieu du parc.

En bon président, Philippe Bélec sera le premier à tester la marchandise! Celui qui fréquentait assidument La Ronde, lieu de ses premières amours, bien avant de devenir président, ne s'en plaint pas! «Il faut être un big kid pour travailler ici, lance-t-il. De temps à autre, l'été, je me glisse dans un manège. Après les feux d'artifice, j'entraîne parfois mon père de 75 ans dans le Goliath. On a alors 15 ans!»