La reprise, puis l'expansion de l'économie seront moins fortes au Québec qu'ailleurs au Canada parce que la récession aura frappé bien moins fort.

En outre, les difficultés du secteur aérospatial, très concentré dans la région métropolitaine, ralentiront la croissance cette année.

Le Conference Board du Canada, Valeurs mobilières Banque Laurentienne (VMBL) et Desjardins viennent tous trois de remettre leurs prévisions à jour. Malgré des appréciations divergentes en ce qui concerne les provinces de l'Ouest, les trois équipes d'économistes partagent le même constat en ce qui concerne le Québec: sa croissance sera plus faible que la moyenne canadienne.

Cela tranche avec l'an dernier. Alors qu'on estime à 2,4% le repli de l'économie canadienne dans son ensemble, celle de sa société distincte s'est sans doute contractée de 1,7% seulement. En 2008 aussi le Québec avait mieux fait avec une croissance de 1%, soit deux fois plus que la moyenne d'un océan à l'autre.

Malgré un avenir moins reluisant, il y a place à un certain optimisme. D'ici la fin de l'année, le Québec aura récupéré l'ensemble des 69 000 emplois perdus durant la récession. Il ne lui en manque plus que 26 000. Toutefois, ils ne se recréent pas au même endroit, constate VMBL. La construction et la fabrication ont perdu 15 000 et 17 000 emplois respectivement. Depuis juillet, la première en a récupéré 6000 tandis que la seconde en a supprimé 7000 de plus.

Le commerce et les services professionnels ont créé des emplois même durant la récession. Cette tendance se poursuit.

Les difficultés de l'industrie du transport aérien feront mal au pôle aérospatial concentré dans l'agglomération métropolitaine. Ce n'est pas avant l'an prochain que la situation sera à peu près rétablie.

Cela pourrait retarder des projets d'investissements privés dont le Québec ne regorge pas. En comparaison, le Québec se porte beaucoup mieux avec le taux de chômage le plus faible au Canada.

Il y a des investissements privés aussi en région, note le Board. La mise en exploitation du dépôt aurifère de la Corporation minière Osisko à Malartic représente une mise de fonds qui s'approche du milliard de dollars.

Parallèlement, le secteur public poursuit son programme de réfection des infrastructures.

Autre facteur encourageant, observe Desjardins, les ventes des manufacturiers semblent avoir enfin atteint le fond du baril. Des hausses des livraisons en novembre et décembre ne doivent pas faire oublier que les expéditions accusent un nouveau recul de 13,9% pour l'ensemble de 2009.

Cela fait ressortir les difficultés propres du Québec: ses exportations augmentent moins vite que ses importations, même si sa base industrielle est plus diversifiée que l'ontarienne. La province voisine a été très touchée par la crise de l'industrie automobile. Elle profitera en retour davantage de son sauvetage.

Le Québec est donc condamné à conquérir de nouveaux marchés, souligne VMBL, qui salue les efforts déployés par le gouvernement en multipliant les missions commerciales.

Heureusement, le Québec peut compter sur sa demande intérieure. La santé relative du marché du travail a redonné confiance aux ménages. Les prix relativement faibles de l'immobilier résidentiel, si on les compare à ceux des autres provinces, soutiennent toujours les marchés de la maison neuve et de la revente.

Toutefois, la lourde dette publique de même qu'une croissance démographique beaucoup plus faible qu'en Ontario pèseront sur l'expansion économique qui sera plus modeste à moyen terme.

La volonté de Québec de rétablir l'équilibre budgétaire tant par une diminution des dépenses que par l'augmentation des revenus ralentiront sa contribution tout comme celle des ménages qui devront supporter un fardeau fiscal plus lourd, rappelle le Board.

La faible croissance démographique jumelée à l'arrivée à la retraite de cohortes toujours plus nombreuses de baby-boomers ralentira le nombre d'heures travaillées, même si le taux de chômage va faire illusion. Il devrait rester plus faible dans la société distincte pendant les prochaines années.

Pour remédier à la raréfaction de la main-d'oeuvre, le Québec est donc face à un défi de productivité plus grand que ses voisins.

En chiffres

 

69 000

D'ici la fin de l'année, le Québec aura récupéré l'ensemble des 69 000 emplois perdus durant la récession.

-1,7%

Alors qu'on estime à 2,4% le repli de l'économie canadienne l'an dernier, celle du Québec s'est contractée de 1,7% seulement.

344 900$

Prix moyen d'une maison au Canada en janvier, en hausse de 22% depuis un an.