Année fort mouvementée pour les comptables et les avocats spécialisés en insolvabilité d'entreprise.L'économie québécoise n'y a pas échappé, malgré une récession moins dure que chez les voisins.Même que des entreprises d'ici, connues dans leur secteur, entreprendront l'année 2010 en situation incertaine.

Entre autres, le producteur de CD et de DVD de Drummondville Disques Amérik, sous la protection de la loi depuis septembre, doit encore convaincre ses créanciers de la valeur d'un récent projet de rachat par ses dirigeants.

Disques Amérik a subi de plein fouet le ressac des ventes de CD et la récession. Il a dû réduire de moitié sa capacité de production -à 50 millions d'unités par an- ainsi que son effectif, passé à 100 employés.

Dans l'aéronautique, le sort des activités montréalaises de Mecachrome, un équipementier d'origine française, demeure incertain malgré le récent accord avec ses créanciers, qui a clos un an de protection contre la faillite.

Cet accord comprend un investissement de 23 millions du Fonds de solidarité FTQ, qui s'ajoutent aux 78 millions investis depuis cinq ans. En échange, le Fonds FTQ obtient 35% du capital remanié de Mecachrome, aux côtés de fonds européens.

Mecachrome a trois usines de pièces de structure d'avion dans la région de Montréal, qui regroupent encore 200 salariés. Dans l'immédiat, son siège social, à Montréal depuis 2004, sera rapatrié en France.

Pendant ce temps, le cas le plus inquiétant pour l'économie québécoise demeure celui d'AbitibiBowater. Le géant papetier et forestier en est à son huitième mois de restructuration sous protection judiciaire.

Malgré la fermeture de plusieurs usines et la mise à pied de milliers de salariés au Québec et en Ontario depuis deux ans, AbitibiBowater demeure aux prises avec un marché du papier journal et du bois d'oeuvre en pleine dépression. Et de l'avis d'analystes, la relance de ces marchés sera très timide dans les deux ou trois années à venir.

Entre-temps, les résultats financiers d'AbitibiBowater se dégradent. À son dernier trimestre, ses revenus étaient encore en chute de 37% en un an. Sa perte nette a gonflé de 69% à 511 millions $, ce qui inclut de coûteux frais de restructuration.

Pour se renflouer à très court terme, AbitibiBowater a dû compter sur quelque 700 millions $ en fonds publics du Québec: 100 millions en prêt d'urgence d'Investissement Québec et 615 millions d'Hydro-Québec pour le rachat de 60% d'une vieille centrale hydroélectrique sur la Côte-Nord.

Pour la suite, AbitibiBowater doit encore soumettre un plan de restructuration aux créanciers de sa dette multimilliardaire. Cela pourrait inclure d'autres concessions de la part de ses milliers d'employés et de retraités.

Le gouvernement du Québec demande aussi un tel plan lavant d'envisager un investissement de soutien au prochain capital remanié d'AbitibiBowater.

En cas d'échec de sa restructuration, AbitibiBowater pourrait devoir faire face à une liquidation d'actifs ou à une offre d'achat au rabais par un concurrent.

À une autre échelle, ce fut d'ailleurs le sort de deux PME québécoises en fin d'année, après l'échec de leur restructuration sous protection judiciaire.

Il s'agit du fabricant de meubles Shermag, en Estrie, racheté par son concurrent mauricien Bermex avec un coup de pouce de 8,5 millions du Fonds de solidarité FTQ et d'Investissement Québec.

En Montérégie, le constructeur de locomotives hybrides Railpower Technologies a abouti entre les mains d'un nouveau propriétaire américain: R.J. Corman Railroad, qui a son siège au Kentucky.