La Banque mondiale a mis sur pied une réserve de capital de 1,1 milliard de dollars (700 millions d'euros) pour contrer la crise de liquidités qui menace les projets d'infrastructures dans les pays émergents. Et c'est à partir des bureaux de la firme montréalaise Cordiant Capital que sera gérée cette réserve. Il s'agit d'un vote de confiance pour cette firme qui cible les marchés émergents depuis 10 ans.

La crise financière a érodé la capacité des marchés financiers locaux à financer les projets d'infrastructures, pourtant essentiels dans le développement des pays émergents. En créant la Réserve de créances de la Facilité pour la crise des infrastructures (FCI), la Banque mondiale veut pallier cette pénurie de capitaux pour que les projets se poursuivent. Un mandat qui cadre parfaitement avec la vision de Cordiant.

 

«On a reconnu notre accent spécifique placé sur les pays émergents, de même que notre compréhension de ces marchés», se réjouit le président et chef de la direction, David Creighton, dans une entrevue à La Presse Affaires.

Depuis sa création, en 1999, Cordiant a investi, sous forme de prêt ou de participation au capital, dans 150 sociétés privées réparties dans une cinquantaine de pays. Ces sociétés ont développé des projets diversifiés, de l'élevage de porc aux mines d'or, en passant par l'immobilier et les télécommunications.

La nouvelle réserve de la FCI se concentrera toutefois sur les infrastructures. Déjà, six projets sont à l'étude, dont un terminal portuaire de conteneurs au Vietnam, un barrage en Ouganda et un aéroport en Colombie.

Les États sont les bailleurs de fonds, même s'il n'est pas exclu que Cordiant mette sur pied un fonds parallèle pour les investisseurs privés. Déjà, la banque de développement allemande KfW a réservé 500 millions d'euros pour ce fonds. Une société d'État française devrait ajouter 200 millions. «On espère que tous les pays du G20 vont contribuer», dit M. Creighton.

Prudence et durabilité

Cordiant, dont le président du conseil est l'ancien PDG de Teachers' Claude Lamoureux, a investi plus de 2 milliards US depuis 10 ans dans les pays émergents, en appliquant des principes de prudence et de durabilité.

«Nous nous basons sur le fondamental, nous ne faisons pas de spéculation, explique le vice-président, gestion de portefeuille, Bertrand Millot. Nous faisons une analyse très détaillée des projets et nous nous y impliquons à long terme. Nous sommes encore présents dans notre premier projet, un pipeline au Mexique.»

«Le premier moteur de nos investissements, c'est de générer un profit, précise David Creighton. Mais les projets doivent aussi avoir un impact positif sur les communautés et l'environnement.»

La clientèle de Cordiant était d'abord composée de caisses de retraite canadiennes. D'autres investisseurs institutionnels européens se sont ajoutés par la suite. La firme a souvent été partenaire de banques de développement.