Après quatre mois d'avances répétées, mais non désirées, de Cosmos Capital, l'agence de publicité Cossette (T.KOS) se tourne vers un autre prétendant, américain, et surtout beaucoup plus généreux.

Mill Road Capital, firme d'investissement privée établie au Connecticut, veut prendre le contrôle et fermer le capital de l'entreprise au prix de 7,87$ l'action. La transaction est évaluée à 132 millions de dollars au total.

L'offre de Mill Road est supérieure de 50% à celle de Cosmos, déposée à la fin d'octobre. Elle dépasse de 142% le cours du titre au 17 juillet, juste avant que Cosmos ne manifeste son intérêt pour la première fois.

L'équipe de direction de Cossette, qui représente près de 30% de l'actionnariat, appuie unanimement la transaction. Chaque membre de la direction sera actionnaire de la nouvelle entreprise, mais peut-être dans de nouvelles proportions. On ne connaît donc pas encore la part exacte des actions qui reviendra à Mill Road.

La transaction se fera au comptant et sans condition.

«Cela apparaît comme étant une offre très complète et plus que raisonnable pour Cossette, dont les difficultés sont devenues plus importantes dans les deux dernières années en raison de mandats perdus et de pressions récessionnistes» a écrit l'analyste Adam Shine, de la Financière Banque Nationale, dans une note publiée hier.

L'analyste ne s'attend pas à ce qu'une offre supérieure puisse se matérialiser. Dans un tel cas, Mill Road pourrait égaler l'offre ou toucher une indemnité de 3,25 millions.

Offre de loin supérieure

Outre les offres de Cosmos et Mill Road, il y avait plusieurs propositions sur la table de Cossette, confirme Marcel Barthe, vice-président, stratégie d'entreprise. Mais celle de Mill Road était de loin supérieure, affirme-t-il.

«La transaction est un mandat de confiance absolu et total en l'actuelle haute direction de Cossette, ajoute M. Barthe. Ce n'est pas semblable à ce qu'on a entendu récemment par d'autres. Mill Road a aussi confiance au plan stratégique qui lui a été proposé.»

Mill Road se décrit sur son site internet comme un «Berkshire Hathaway pour les petites sociétés», faisant allusion au holding de Warren Buffett. Elle travaille avec un «très long horizon de placement» et vise des investissements non hostiles. «Nous investissons et soutenons des sociétés qui mettent l'accent sur la création de valeur à long terme, sans égard à la performance à court terme.»

Par voie de communiqué, le directeur général principal de Mill Road, Thomas Lynch, a déclaré que «Cossette est une marque exceptionnelle dans le secteur des communications et est une excellente société».

Le siège de Cossette restera à Québec, et toute l'équipe de direction demeurera en place, assure Marcel Barthe.

Sauf que, dans la dernière année, Mill Road a tassé le patron d'une société alimentaire quatre mois après en avoir fait l'acquisition. Et elle a obtenu la tête du PDG d'une chaîne de restaurants dont elle est actionnaire minoritaire. La direction de la chaîne avait refusé une offre d'achat de Mill Road.

Selon Marcel Barthe, Cossette n'a pas reçu d'offre totalement québécoise. Il n'a pas voulu indiquer si une des offres aurait permis de conserver un contrôle majoritairement québécois.

La transaction avec Cosmos aurait aussi placé une firme d'investissement privée (H.I.G. Capital) en position majoritaire.

La transaction doit être approuvée par les deux tiers des actionnaires, et la moitié des actionnaires qui ne font pas partie de l'équipe de direction.

Au moment de mettre sous presse, la porte-parole de Cosmos Capital n'avait pas rappelé La Presse Affaires.

Le titre de Cossette a bondi de 33% pour clôturer à 7,78$ hier à la Bourse de Toronto.