Après presque quatre mois de discussions, la famille Molson et George Gillett se sont entendus sur les détails de la vente du Canadien de Montréal vendredi dernier. Ne reste plus que l'approbation de la Ligue nationale de hockey, une formalité qui devrait venir à la mi-décembre.

«La transaction entre le vendeur et l'acheteur a été complétée», confirme Luc Beauregard, porte-parole de la famille Molson, à La Presse Affaires. Le montant de la transaction impliquant l'équipe de hockey, le Centre Bell et l'entreprise de divertissement Groupe Spectacles Gillett n'a pas été dévoilé par les parties, mais il serait de 575 millionsUS - un record pour une transaction impliquant une équipe de la LNH.

 

La LNH, qui doit maintenant approuver la transaction, a déjà commencé à étudier les documents soumis par les deux parties. Selon le commissaire adjoint de la LNH, Bill Daly, le vote sur la transaction sera fort probablement à l'ordre du jour de la prochaine réunion des gouverneurs les 15 et 16 décembre. L'autre option: tenir un vote par télécopieur en novembre si l'étude de la transaction est plus rapide que prévu.

«Nous allons étudier les documents de la vente de la façon la plus complète et la plus rapide possible, a dit Bill Daly à La Presse Affaires. Nous pouvons organiser un vote par télécopieur - nous l'avons fait par le passé -, mais la procédure habituelle est plutôt de voter sur un changement de propriétaire durant une réunion des gouverneurs. Les deux options sont possibles dans le cas du Canadien.»

Les frères Molson n'ont toutefois pas l'intention de demander à la LNH de tenir un vote par télécopieur afin d'accélérer la passation des pouvoirs au Centre Bell. «Mes clients feront ce que la LNH désire», dit Luc Beauregard, porte-parole des frères Molson.

Quatre mois de négociations

Le 20 juin dernier, George Gillett a annoncé avoir conclu une entente de principe afin de vendre son équipe de hockey au consortium dirigé par la famille Molson, qui avait fait l'offre la plus généreuse.

Les deux parties ont eu besoin de presque quatre mois pour s'entendre sur les détails. Les Molson, qui ne prévoyaient pas au départ se prévaloir de fonds publics pour acheter l'équipe, ont finalement eu besoin d'un prêt de 75 millions de dollars d'Investissement Québec afin de conclure la transaction. Au cours de l'été, l'institution américaine CIT, le banquier actuel du Canadien, a vu ses difficultés financières l'acculer près de la faillite. Le financement de la transaction a plutôt été confié par la famille Molson à la Banque Nationale.

Les frères Geoff, Andrew et Justin Molson et leurs partenaires (BCE, Woodbridge, le Fonds de solidarité FTQ, Michael Andlauer, propriétaire du club-école des Bulldogs de Hamilton, et Luc Bertrand, ancien PDG de la Bourse de Montréal) ne devraient pas avoir trop de difficulté à convaincre les 29 autres équipes de la LNH. Au cours d'une entrevue à La Presse Affaires il y a deux semaines, le commissaire Gary Bettman vantait les qualités des propriétaires éventuels du Tricolore. «Après toutes les bonnes choses qu'il a faites avec le Canadien, George Gillett a remis l'équipe entre bonnes mains, des investisseurs locaux en plus, a-t-il dit. La famille Molson a une longue tradition de hockey.»

La répartition de l'actionnariat n'a pas été précisée de façon officielle par le consortium dirigé par la famille Molson. Seul BCE, contrait de révéler la valeur de son investissement en raison de son inscription en Bourse, a confirmé avoir investi 50 millions de dollars dans le Tricolore. Selon nos sources, la famille Molson aurait investi 150 millions, le Fonds de solidarité FTQ 35 millions, Michael Andlauer 30 millions et Luc Bertrand 5 millions.

Environ 290 des 575 millions de la transaction ont été obtenus des investisseurs, le reste (285 millions) provenant du financement obtenu par le syndicat bancaire de la Banque Nationale. La LNH exige que chaque propriétaire n'emprunte pas plus de la moitié de la valeur de son équipe.

Même s'ils ne sont pas encore les grands patrons du Canadien, les frères Geoff et Andrew Molson, deux habitués du Centre Bell, devraient assister au match d'ouverture du Canadien à Montréal ce soir contre l'Avalanche du Colorado. «Ils ont de bons billets au Centre Bell depuis longtemps», dit Luc Beauregard.