Malgré les trois heures de témoignage de Sebastien Mecca en Cour, il n'a pas été possible de savoir ce qu'il est advenu de l'argent des investisseurs placé dans l'entreprise Bridge Management, de la Barbade.

L'ex-agent d'assurances a toutefois répété, comme c'est le cas depuis cinq ans, que les investisseurs seront prochainement remboursés. Rappelons que l'Autorité des marchés financiers (AMF) réclame 272 000$ d'amendes à M. Mecca pour avoir vendu des fonds illégalement et avoir communiqué de l'information trompeuse aux investisseurs.

Hier, à Laval, le tribunal entendait la défense de M. Mecca. L'homme de 60 ans soutient qu'il n'était qu'un représentant de Bridge Management (auparavant Opus). Moyennant 3000$ par mois, son entreprise, Euro Global, faisait remplir les papiers et les acheminait soit à la Barbade, soit aux investisseurs du Québec, dit-il.

Bridge Management, soutient M. Mecca, a fait des placements dans des fonds de couverture, des investissements à long terme et des placements dans une banque Suisse. Bien que sa femme et lui aient, eux aussi, investi des centaines de milliers de dollars dans Bridge, selon ses dires, M. Mecca affirme qu'il ne demandait pas les états financiers de l'entreprise.

Selon nos informations, cependant, il appert que M. Mecca était plus qu'un simple représentant de Bridge/Opus. Cette coquille a été élaborée au Québec et avait comme administrateur au moins un membre de la famille Mecca, selon des documents obtenus par La Presse Affaires.

Le document constitutif de Bridge a été rédigé en 2000 et compte 24 pages. L'un des trois signataires est l'avocat Serge Racine, dont les bureaux sont à distance de marche des anciens locaux de Sebastien Mecca, à Laval. Un autre document, écrit en mars 2001, démontre que c'est Serge Racine qui a structuré l'organisation pour minimiser les impôts des investisseurs en vertu des lois du Canada et de la Barbade.

À une question de l'avocate de l'AMF, Émilie Robert, Sebastien Mecca a soutenu, hier, que les membres de sa famille n'avaient rien à voir avec Bridge. Or, en juin 2002, c'est son fils Ian François Mecca qui apparaît comme le représentant officiel de Bridge devant un tribunal de la Barbade, selon un document dont nous avons copie. Il est question de fonds de 4 millions de dollars US réclamés à une tierce entreprise, Crystal on Track.

Fondé de pouvoir

Le fondé de pouvoir de cette tierce entreprise était le Québécois Luc Verville. Par l'entremise de cette entreprise, Luc Verville a financé divers projets, dont la firme de services ambulanciers aériens Hastings Aviation, de Dorval. Cette PME a viré en fiasco financier, en 2001. Les entrepreneurs Hermann Cloutier et Placide Poulin (Maax), mais également le comédien Gilles Latulippe ont globalement perdu des millions dans cette affaire.

Quoi qu'il en soit, Sebastien Mecca a soutenu hier en Cour qu'il s'assurait que les investisseurs avaient pris connaissance des risques d'investir outremer.

Par ailleurs, en ce qui concerne son autre entreprise Acamex, Sebastien Mecca a affirmé en Cour qu'il a versé des intérêts aux investisseurs à raison de 150 000$ à 200 000$ par année. La cinquantaine d'investisseurs avait été avisée des risques, dit-il.

Avec leur argent, Acamex prêtait des fonds à des PME en contrepartie de garanties comme les inventaires, les équipements et les comptes à recevoir, a expliqué M. Mecca.

L'ex-agent d'assurances raconte qu'il s'était fait dire par des consultants qu'il n'avait pas besoin de prospectus approuvés par les autorités pour solliciter des fonds si Acamex conservait moins de 50 investisseurs. À cet égard, prétend M. Mecca, ses consultants étaient le comptable CMA Tony di Filippo et l'avocat Serge Racine.

En février 2004, explique M. Mecca, Acamex a déclaré faillite, notamment parce qu'un client, promoteur de la surface de gazon synthétique XL Turf, tardait à rembourser un prêt.

Deux mois plus tard, Sebastien Mecca dit avoir reçu une lettre de Bridge selon laquelle tout versement cesserait au cours des trois années subséquentes, soit jusqu'en 2007. Au même moment, la firme de M. Mecca par laquelle les papiers transitaient, soit Euro Global, cessait ses activités.