Une fois de plus, une centaine d'investisseurs viennent d'apprendre qu'ils ont perdu les milliers de dollars investis auprès de gestionnaires sans permis et incroyablement incompétents.

Des lingots d'or au Ghana, un restaurant au Tennessee, un projet immobilier à Saint-Adolphe et un terrain en Grèce, voilà le genre d'investissements que faisaient John Dracontaidis avec l'argent des investisseurs. Ces projets ont tous été des fiascos financiers.

Hier, l'Autorité des marchés financiers (AMF) a rendu publique cette nouvelle affaire, bien que les entreprises de John Dracontaidis aient été sous séquestre depuis la mi-août.

Globalement, 90 investisseurs ont investi 7 millions de dollars avec M. Dracontaidis, soit une moyenne de 78 000$ par investisseur. Les placements rapportaient une moyenne de 8,95%. L'essentiel de l'argent est perdu, indique un rapport de Nicolas Boily, l'administrateur nommé par le gouvernement à la demande de l'AMF.

L'argent était investi par l'entremise d'Axia Consultant, IND Capital Management, mais surtout ICC Capital Management (9095-0049 Québec inc.). Ces entreprises avaient leur siège social à la résidence de M. Dracontaidis, rue Oligny, à Brossard. Les principales activités se tenaient dans un bureau de la rue Stanley, à Montréal.

Selon le rapport de Nicolas Boily, les affaires de M. Dracontadis sont un cas de «très mauvaise gestion inadmissible». L'administrateur n'a trouvé aucun état financier récent, aucun registre fiable des investisseurs, aucune comptabilité des investissements, aucune garantie en contrepartie des investissements, notamment.

Essentiellement, il appert que l'argent des investisseurs était distribué au gré des humeurs de M. Dracontaidis et de ses liens d'amitié ou familiaux. La plus grosse part, soit 3,3 millions, a été versé à Farid Zakikhani et ses projets.

M. Zakikhani a notamment reçu 2,2 millions de dollars pour des transactions de «flip immobilier» et des projets de développement à Saint-Adolphe-d'Howard, dans les Laurentides, notamment dans des appartements en copropriété. Or, ces projets, baptisés Maison majestueuse et Château majestueux, ont viré en désastre financier.

Porsche, Ferrari...

Aucune convention de prêt n'a été signée pour l'argent prêté à M. Zakikhani, qui portait intérêt à 15%, semble-t-il. John Dracontaidis a également consenti une avance de 519 000$ à son ami Zakikhani pour ses fins personnelles ou pour une société appartenant à sa femme. L'argent a notamment servi à régler une dette de M. Zakikhani pour la location de Porsche, Ferrari et Range Rover.

Farid Zakikhani a dit à l'administrateur qu'il tenait certaines notes personnelles sur les prêts octroyés, mais «celles-ci auraient été volés dans sa voiture récemment».

L'administrateur Nicolas Boily a également constaté que depuis le 1er janvier 2008, John Dracontaidis a transféré 370 000$ des investisseurs dans ses comptes personnels ou dans ceux de sa femme ou de son père. De cette somme, les retraits en espèces s'élèvent à 92 000$.

John Dracontaidis, qui a déjà été vendeur de fonds communs, a également investi 154 000$ dans le restaurant Barbies, à Saint-Laurent, et 401 000$ dans Pasta Emporium, le resto de son cousin, à Knoxville, dans l'état du Tennessee. Les deux établissements sont fermés aujourd'hui. Un terrain de 200 000$ a également été acheté en Grèce, mais le projet a mal viré et l'investissement est perdu.

Lingots d'or au Ghana

Autre projet loufoque: un investissement de 850 000$US dans la compagnie World Logistic pour l'achat et le transport de lingots d'or au Ghana, en Afrique. L'investissement a été réalisé sans que Dracontaidis n'exige aucun budget de World Logistic, aucun état financier, ni aucun plan d'affaire ou acte de propriété. «Les fonds ne pourront vraisemblablement être recouvrés», écrit M. Boily.

Nicolas Boily est comptable chez Raymond Chabot Grant Thornton, à Montréal. Son rapport a été produit grâce aux documents saisis, aux comptes bancaires des parties, mais aussi grâce aux nombreuses discussions avec M. Dracontaidis et son comptable, Denis Gouliaris.

Ce dernier a été comptable agréé jusqu'en mai 2006, mais ne s'est pas réinscrit à la suite d'une radiation provisoire de six mois pour négligence professionnelle.

Les investisseurs pourraient récupérer une petite part de leur investissement, puisqu'il reste environ 1,4 million de dollars d'encaisse et de quasi-espèces dans les entreprises. Nicolas Boily n'est toutefois pas certain du nombre d'investisseurs et il invite ceux qui seraient visés à le contacter par la ligne téléphonique dédiée de Raymond Chabot, soit 514-390-4200.