La Banque Nationale (t.NA) et le Mouvement Desjardins ont amorcé, au cours des dernières semaines, la réévaluation de leurs politiques de rémunération des employés de leurs secteurs des marchés financiers.

Les deux institutions québécoises ont indiqué mercredi que la démarche visait à s'assurer que leurs pratiques suivaient les tendances de l'industrie.

Depuis l'éclatement de la crise financière, il y a un an, la rémunération des banquiers, des opérateurs de marché et des autres employés des institutions financières fait l'objet de sévères critiques, particulièrement en Europe et aux Etats-Unis.

Mardi, la Banque Royale [[|ticker sym='t.RY'|]] a annoncé de nouvelles règles de rémunération pour les quelque 3000 employés de son secteur des marchés financiers. Ainsi, l'institution torontoise pourra récupérer les salaires et les primes versés à des employés si elle découvre, après coup, que ceux-ci n'ont pas suivi les procédures et ont entraîné des pertes significatives.

De plus, une plus grande partie des bonus sera différée sur trois ans (30 pour cent contre 22 pour cent auparavant) et un plus grand nombre de cadres et d'opérateurs seront tenus de détenir des actions de la Banque Royale.

Il n'est pas encore acquis que la Nationale adoptera des mesures semblables pour les quelque 500 employés de son secteur des marchés financiers, a indiqué Denis Dubé, porte-parole de la banque montréalaise.

«Nous avons amorcé une réflexion, mais cela ne veut pas dire que nous allons apporter des changements à notre politique», a-t-il déclaré au cours d'un entretien téléphonique mercredi, en précisant que l'examen ne visait pas nécessairement à réduire le montant des primes.

Depuis 2002, les vice-présidents de la Banque Nationale doivent posséder au moins l'équivalent de leur salaire annuel en actions de l'institution. Le président et chef de la direction, Louis Vachon, doit quant à lui en détenir pour l'équivalent de cinq fois son salaire.

De plus, depuis la fin 2007, une partie des primes des employés du secteur des marchés financiers est versée sur trois ans. Il faudra voir si cette portion sera revue à la hausse.

Chez Desjardins, il est plus difficile de lier le rendement des cadres et des opérateurs de marchés à celui de l'institution du fait que le groupe coopératif n'émet pas d'actions. André Chapleau, porte-parole du Mouvement, a néanmoins assuré qu'on trouverait une solution.

«C'est une tendance mondiale, alors on ne peut pas faire bande à part», a fait remarquer M. Chapleau, en soulignant qu'une partie des primes de certains employés de Desjardins était déjà étalée sur trois ans.

Il y a plusieurs mois, le Bureau du surintendant des institutions financières a envoyé un avis aux banques pour les inciter à appliquer les principes adoptés en avril par le Financial Stability Board (FSB), un organisme international.

Selon le FSB, la rémunération devrait être établie en fonction des risques que prennent les opérateurs de marchés pour tirer des gains, plutôt qu'en se basant uniquement sur l'ampleur de ces derniers.

C'est la Banque Scotia [[|ticker sym='t.BNS'|]] qui a été la première au Canada à modifier sa politique de rémunération dans la foulée de la crise financière.

A l'instar de la Banque Royale, la Banque Nationale et le Mouvement Desjardins n'ont pas l'intention, pour l'instant, de revoir la politique de rémunération des autres employés, y compris les hauts dirigeants.

A la Banque Nationale comme dans la plupart des autres entreprises du secteur, tous les employés ont droit à des primes liées au rendement de l'institution.

Au cours des trois premiers trimestres de son exercice financier, la rémunération dite «variable» a augmenté de six pour cent à la Banque Nationale pour se chiffrer à 394 millions $.

L'action de la Banque Nationale a clôturé à 60,55 $ mercredi, un cours inchangé par rapport à la veille, à la Bourse de Toronto.