En manque de liquidités, George Gillett a hypothéqué non seulement le Centre Bell mais aussi le Canadien de Montréal.

Le Canadien de Montréal est hypothéqué à hauteur d'au moins 50 millions, soit près du maximum permis par la LNH, selon deux sources au courant du dossier de la vente de l'équipe. Selon ces deux sources, une hypothèque d'au moins 200 millions pèse aussi sur le Centre Bell.

Interrogé au sujet de ces hypothèques par La Presse, le Canadien de Montréal n'a pas nié ni confirmé ces informations. «Nous ne commentons pas les questions d'ordre financier», dit Donald Beauchamp, vice-président des communications du Canadien.

 

Les dettes contractées par George Gillett font en sorte qu'il doit vendre le Canadien et le Centre Bell à un prix supérieur à 250 millions (hypothèque de 50 millions sur l'équipe et de 200 millions sur l'édifice) s'il veut toucher des revenus de la vente de ses propriétés. Selon des sources au courant des négociations, la valeur du Canadien et du Centre Bell serait évaluée aux environs de 400 millions. M. Gillett s'est versé un dividende de 72 millions lors du refinancement de l'équipe en 2006.

Même si les équipes de sport professionnel hypothèquent d'abord leurs édifices, elles peuvent aussi servir directement de garantie à des prêteurs. La LNH accepte que ses équipes servent de garantie, mais seulement jusqu'à la moitié de leur valeur. La Ligue veut ainsi se protéger contre le scénario dans lequel l'une de ses équipes tomberait entre les mains d'institutions financières si le propriétaire était incapable de rembourser son prêt garanti par l'équipe.

«Toutes les ligues de sport professionnel en Amérique du Nord acceptent que leurs équipes empruntent de l'argent en offrant l'équipe comme garantie. Mais les ligues mettent une limite afin de se protéger contre un tel scénario. Dans la LNH, la limite est établie à 50% de la valeur de l'équipe (valeur de l'édifice mise à part)», a confirmé le commissaire adjoint de la LNH, Bill Daly, dans un courriel à La Presse Affaires, sans parler en particulier de la situation du Canadien.

Litige sur l'impôt foncier

Au contraire de l'hypothèque de 50 millions prise sur l'équipe elle-même, l'hypothèque de 200 millions sur le Centre Bell n'étonne pas les observateurs au courant du dossier de la vente du Canadien. Elle contredit toutefois les prétentions de George Gillett dans son litige contre la Ville de Montréal au sujet de ses impôts fonciers. Dans le cadre de ce litige, le propriétaire du Centre Bell soutient que son édifice - construit au coût de 240 millions en 1996 - ne valait que 60 millions en 2002 et 73 millions en 2005.

Depuis un an et demi, les deux parties se disputent devant le Tribunal administratif du Québec sur la valeur du Centre Bell. M. Gillett espère obtenir un remboursement de taxes de 12,2 millions de la Ville de Montréal, sans compter les intérêts de 2,1 millions. Le Canadien a payé 29,2 millions en impôt foncier entre 2004 et 2007.

En 2001, George Gillett avait acheté le Canadien au coût de 275 millions grâce à un prêt de 140 millions de la Caisse de dépôt et placement du Québec. Le prêt a été remboursé entièrement en 2006 alors que M. Gillett avait refinancé les activités du Canadien.

Selon le Registre foncier du Québec et le Registre des droits personnels et réels mobiliers, le propriétaire du Canadien a obtenu un financement hypothécaire maximal de 320 millions sur le Centre Bell du courtier torontois CIT Financial. Il a aussi obtenu du même courtier un financement hypothécaire maximal de 100 millions sur les actions de l'équipe de hockey. La valeur exacte des hypothèques contractées par George Gillett sur le Centre Bell et le Canadien n'était pas connue avant aujourd'hui.

Au cours de sa dernière étude sur les finances des équipes de hockey publiée en octobre dernier, le magazine américain Forbes évaluait que le Canadien de Montréal était au cinquième rang des équipes les plus endettées de la LNH. Selon Forbes, le Canadien serait endetté à 72% de sa valeur (Centre Bell inclus). Seuls les Stars de Dallas (73%), les Blues de St. Louis (74%), les Kings de Los Angeles (87%) et les Devils du New Jersey (113%) seraient plus endettés que le Tricolore.

Avec la collaboration de Denis Lessard