En collaboration avec HEC Montréal, nous publions notre chronique hebdomadaire sur les défis auxquels font face les entreprises sur le plan de la gestion.

La gestion de la chaîne logistique, parfois appelée Supply Chain Management, est un domaine en pleine expansion. C'est un phénomène mondial et les gestionnaires compétents dans ce secteur sont très en demande. Cet engouement pour la logistique n'est guère surprenant car la plupart des entreprises de classe mondiale ayant connu du succès au cours des dernières années le doivent en grande partie à la reconfiguration stratégique de leur chaîne logistique. On pense notamment à des entreprises comme Wal-Mart, Dell et Zara dont le succès repose en bonne partie sur une stratégie logistique avant-gardiste. Malgré tout, la logistique fut longtemps considérée comme un centre de coût dans les entreprises compte tenu de l'importance des activités qui la composent comme le transport et la gestion des stocks. Ces activités représentent environ 10% du PIB des pays développés et jusqu'à 17% du PIB des pays en émergence, comme la Chine.

 

Malgré des gains de productivité spectaculaires observés au cours des 25 dernières années, la tendance récente se traduit davantage par des augmentations significatives dans les coûts de transport et ceux reliés aux stocks à cause, notamment, de la volatilité des prix du carburant et de la délocalisation des activités de production vers des pays à faibles coûts de production. Ce dernier phénomène est lié à la globalisation des marchés et des sources d'approvisionnement et constitue un des principaux défis que doivent relever les gestionnaires d'aujourd'hui.

Malgré l'attrait évident des pays à faibles coûts de production, une étude d'Industrie Canada révèle qu'à peine 43% des entreprises canadiennes s'approvisionnant dans des pays à bas coûts ont réussi à diminuer leur coût total livré, c'est-à-dire l'ensemble des coûts de fabrication, de transport, d'assurances et douanes, de possession et pénurie des stocks, de non-qualité, etc.

L'étude identifie certaines pratiques exemplaires utilisées par les entreprises ayant réussi à abaisser leur coût total: recours au transport aérien, établissement de sources d'approvisionnement secondaires, analyse du coût total, formation des fournisseurs dans les pays à bas coûts, etc. Il est intéressant de noter que la constitution de stocks supplémentaires ne fait pas partie des pratiques exemplaires, mais caractérise plutôt le comportement des entreprises qui voient leurs coûts augmenter.

Une autre étude d'Industrie Canada révèle que les coûts de la logistique chez les manufacturiers canadiens sont supérieurs de 12% en moyenne à ceux observés aux États-Unis. Cet écart augmente à 18% dans le cas des grossistes et à 30% pour les détaillants canadiens.

Cette situation serait attribuable notamment au retard qu'accusent les entreprises canadiennes dans l'adoption des meilleures pratiques de gestion de la chaîne logistique. Ces pratiques incluent notamment l'intégration de réseaux logistiques de plus en plus complexes, la mesure de la performance associée aux meilleurs principes de gestion, l'adoption de nouvelles technologies comme la RFID, la satisfaction des exigences accrues des clients et consommateurs en termes de réduction des temps de cycle et de variété des produits, le tout dans le respect de l'environnement.

Pour les aider à relever ces défis, les entreprises ont de plus en plus recours à des prestataires de services logistiques, mieux connus sous l'appellation de Third Party Logistics Providers ou 3PL. Néanmoins, on constate qu'ici aussi, les entreprises canadiennes et québécoises accusent un retard dans l'impartition des activités logistiques à des 3PL par rapport aux entreprises américaines.

HEC Montréal réalise bien les défis logistiques que doivent relever les entreprises. C'est pourquoi l'École s'est distinguée par le développement d'une offre crédible de cours en gestion de la chaîne logistique ainsi que par la présence de nombreux professeurs qui ont une expertise de pointe dans ce domaine. Afin de faciliter l'ajustement entre les besoins du marché et l'offre de l'École, HEC Montréal invite un groupe restreint de dirigeants d'entreprises ou d'organismes à devenir gouverneurs du Carrefour Logistique de notre institution.

Qu'est-ce que le Carrefour Logistique? Il se veut un lieu de rencontre des décideurs de l'industrie et des experts de HEC Montréal afin de favoriser un dialogue constant et régulier entre les deux milieux. Par la même occasion, le Carrefour offre une vitrine aux entreprises des différents pôles de compétences en matière de logistique que HEC Montréal a développés au cours des ans. Ainsi, le Carrefour logistique constitue un point d'arrimage entre les besoins du marché et l'offre de HEC Montréal.

L'auteur, Jacques Roy, est professeur titulaire au Service de l'enseignement de la gestion des opérations et de la logistique et directeur du Groupe de recherche CHAÎNE et du Carrefour logistique à HEC Montréal. www.hec.ca/profs/jacques.roy.html