Faute de budget supplémentaire, le gouvernement Charest mise sur des efforts de promotion ciblés pour atténuer l'impact de la crise économique sur la saison touristique qui s'annonce très difficile.

La ministre du Tourisme, Nicole Ménard, admet qu'il sera ardu de convaincre les Américains de visiter le Québec, en raison de l'effondrement de leur économie.

Toutefois, elle affirme que le gouvernement ne peut bonifier l'enveloppe annuelle de 11,5 millions de dollars consacrée à la promotion du Québec aux États-Unis.

«Je sens l'inquiétude des intervenants, mais il faut arriver à mieux faire avec les moyens dont nous disposons. Il faut connaître nos marchés et bien cibler», a-t-elle expliqué en entrevue à La Presse Canadienne.

Pour cette raison, le ministère a modifié son approche et choisi d'abandonner les campagnes de publicité de masse.

Le gouvernement a préféré investir dans des publicités qui ont été placées sur les tablettes des transporteurs aériens américains et dans des magazines spécialisés, notamment.

«On a ciblé les gens qui continuent de voyager, malgré la crise, afin de les intéresser au Québec», a précisé la ministre, qui mène une tournée des Associations touristiques régionales d'ici la fin juin, afin de rencontrer les acteurs de l'industrie.

«Il faut voir qu'est-ce qu'on peut faire de différent, on n'a pas le choix», a-t-elle martelé, précisant qu'avec le retour aux déficits, l'État québécois n'a pas les moyens de mettre plus d'argent dans la promotion touristique.

Même si elle demeure optimiste, Mme Ménard a reconnu avoir reçu un son de cloche plutôt sombre, notamment de l'Office du tourisme de Québec, en raison d'une diminution marquée du tourisme d'affaires.

Le directeur de l'Office, Pierre Labrie, a déjà fait état d'une baisse de 11 pour cent du taux d'occupation dans les hôtels de Québec en février, et a signalé qu'un grand hôtel avait subi des annulations pour 6000 nuitées depuis le début de l'année.

«Montréal et Québec seront plus touchées, a dit la ministre Ménard. On assiste à un virage des entreprises qui vont agir différemment. En raison du contexte économique, c'est mal vu maintenant pour une entreprise de faire un gros congrès avec de folles dépenses. Tout le monde surveille ses dépenses.»

En plus des publicités qui visent la clientèle américaine, le gouvernement a injecté 700 000 $ dans le développement du marché européen, en misant sur ses bureaux de Paris, Berlin et Londres.

Mme Ménard a cité deux autres éléments d'appui au milieu touristique, soit le programme d'aide aux événements et festivals de 12,5 millions de dollars qui a été reconduit ainsi qu'une aide de 4,2 millions de dollars sur trois ans pour les associations sectorielles, comme les spas et les musées.

«On a tout mis en place pour que l'année ne soit pas trop dure malgré tout», a indiqué la ministre.

Par ailleurs, elle a signalé que certaines régions s'attendent à recevoir plus de touristes que l'an dernier, malgré le contexte de crise économique, parce qu'une large clientèle de la province avait convergé vers Québec pour son 400e anniversaire en 2008.