Les récents déboires du Canadien de Montréal n'inquiètent pas le grand patron de Molson Coors, qui détient 19,9% de l'équipe. La raison est simple: Peter Swinburn ne suit pas les activités du Tricolore. Pas plus qu'il ne connaît les garanties qui auraient été données par son entreprise sur le maintien de l'équipe à Montréal lors de la vente à George Gillett en 2001.

Président et chef de la direction de Molson Coors depuis juillet 2008, Peter Swinburn avoue être incapable de nommer un joueur du Canadien. Ce vieux routier chez Coors n'a jamais assisté à un match de hockey au Centre Bell. «Je suis un partisan de rugby et de soccer, et j'essaie de me mettre tranquillement au diapason des sports américains», dit M. Swinburn, un Gallois de 56 ans qui a occupé plusieurs postes de direction chez Coors tant aux États-Unis qu'à l'international avant de prendre la destinée de Molson Coors.

Le grand patron de Molson Coors et néophyte en hockey est aussi incapable de préciser les garanties sur le maintien du Canadien à Montréal qui auraient été données par son entreprise lors de la transaction avec George Gillett, propriétaire majoritaire du Canadien, en 2001. Depuis une semaine, La Presse Affaires tente sans succès d'obtenir plus de détails au sujet de ces garanties. Lundi, la porte-parole de Molson Coors, Marièke Tremblay, n'a pas rappelé La Presse à ce sujet.

Peter Swinburn n'a pas voulu commenter les rumeurs sur la vente du Canadien - plus spécifiquement le bloc de 79,9% des actions détenu par George Gillett. La semaine dernière, La Presse révélait que le propriétaire majoritaire du Canadien avait donné le mandat au banquier Jacques Ménard et à BMO Groupe Financier d'évaluer toutes les possibilités concernant ses entreprises, incluant la vente du Canadien. M. Gillett doit refinancer des prêts substantiels en juillet prochain.

«Vous en savez probablement plus que moi à ce sujet, dit Peter Swinburn. Nous n'avons eu aucun contact avec M. Gillett. S'il décide de vendre (ses actions du Canadien), je suis sûr qu'il nous le laissera savoir.»

S'il n'est pas très féru en hockey, Peter Swinburn était enthousiaste à l'idée de causer affaires et marketing lundi midi devant son auditoire du Cercle canadien de Montréal. Il a tenu à rappeler les économies réalisées par Molson Coors depuis la fusion en 2005: 600 millions de dollars par année, soit 9% du chiffre d'affaires de la société. «Nous n'aurions jamais rêvé faire autant d'économies», dit M. Swinburn.

Le grand patron de Molson Coors soutient que la transaction, très controversée à l'époque au sein même de la famille Molson, a été bonne pour Montréal. «Nous avons fait 600 millions d'économies, ce qui a été bon pour Molson Coors car ça nous a permis de tenir le coup contre l'inflation qui a affecté notre industrie, dit M. Swinburn. Et ce qui est bon pour Molson Coors est bon pour Montréal, croyez-moi.»

Peu après l'annonce de la transaction - dénoncée comme une «prise de contrôle» de Coors sur Molson par Ian Molson, le cousin d'Éric Molson expatrié à Londres -, la nouvelle société a augmenté sa production à Montréal en ajoutant la Blue Moon, une bière brassée par Coors et destinée au marché américain. Molson Coors a rapatrié le brassage de la Blue Moon aux États-Unis l'automne dernier, supprimant ainsi le quart de sa production et 120 emplois - incluant 100 départs volontaires - à l'usine de Montréal. Selon Peter Swinburn, Molson Coors ne prévoit pas faire d'autres licenciements à Montréal.

Malgré la perte de 20 emplois, les syndicats des employés de Molson n'ont rien à redire de la fusion entre Molson et Coors. «Pour nous, c'est business as usual depuis la fusion, dit Stéphane Lacroix, porte-parole du syndicat des Teamsters. Nous n'avons rien à dire contre la fusion et rien à dire pour la fusion.»

Pierre Boivin, président du Canadien de Montréal, et Eric Molson, vice-président du conseil d'administration de Molson Coors, ont assisté au discours de Peter Swinburn lundi midi devant le Cercle canadien de Montréal, mais ils n'ont pas voulu commenter la situation financière du Canadien.