Philip Merrigan ne connaît pas le sort qui sera réservé à l'équipe de Bob Gainey sur la glace cette saison, mais il est beaucoup plus optimiste à propos de l'avenir financier du Tricolore.

«L'équipe a très bien fait au plan financier au cours des dernières années, si bien que George Gillett s'est versé un dividende de 72 millions, dit le professeur d'économie à l'UQAM. À long terme, par contre, les perspectives de croissance du Canadien sont excellentes. Au plan financier, le Canadien est un investissement intéressant pour une caisse de retraite comme la Caisse.»

 

Un investisseur qui voudrait faire un coup d'argent rapide avec l'équipe de hockey préférée des Québécois pourrait toutefois avoir une mauvaise surprise. Deux raisons: la baisse du huard par rapport au dollar américain et le plongeon tout aussi spectaculaire de la troupe de Bob Gainey au classement par rapport aux autres équipes du circuit Bettman.

«À court terme, l'avenir financier semble plus difficile, dit Philip Merrigan. Le dollar canadien a baissé de 20% par rapport au dollar américain et les performances de l'équipe inquiètent. On ne sait pas si l'équipe fera les séries cette saison, alors qu'on pensait qu'elle les ferait au cours des quatre ou cinq prochaines années pas plus tard que l'an dernier. Et les séries, c'est important pour hausser les revenus de l'équipe.»

L'analyste Michel Nadeau a aussi peur que la valeur de l'équipe ait déjà été maximisée par le propriétaire actuel, George Gillett. «On joue à guichets fermés depuis des années et M. Gillett a fait un bon travail pour remplir le Centre Bell lorsqu'il n'y a pas de match du Canadien», dit le directeur général de l'Institut sur la gouvernance d'organisations privées et publiques.

La Caisse reste muette

La Caisse de dépôt et placement du Québec est-elle ouverte à la possibilité d'investir dans le Canadien? Impossible de le savoir. «Il s'agit d'une question hypothétique, dit Maxime Chagnon, porte-parole de la Caisse. Le Canadien n'est pas à vendre et le dossier ne nous a pas été présenté.» Les autres institutions de développement économique du Québec ont aussi été très prudentes dans leurs réponses. «Si le dossier nous était présenté, nous l'analyserions selon notre objectif d'impact économique au Québec. Tout dépendrait du contexte de la transaction», dit Marie-Claude Lemieux, porte-parole de la Société générale de financement du Québec. Même son de cloche du côté du Fonds de la FTQ, ancien actionnaire des Expos de Montréal (investissement de 3 millions de dollars entre 1988 et 1995) et des Nordiques de Québec (investissement de 7 millions de dollars entre 1991 et 1995). «Nous évaluons toutes les demandes d'investissement qui nous sont acheminées», dit la porte-parole Josée Lagacé.