La ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget avoue ne pas savoir si l'intervention de l'ancien président de la Caisse de dépôt, Henri-Paul Rousseau, aura satisfait aux questions lancinantes de la population sur ce qui est advenu du bas de laine des Québécois.

«Ce qui aurait été préférable, c'est que M. Rousseau vienne témoigner en commission parlementaire comme je l'avais proposé», expliquait hier Mme Jérome-Forget, qui répète qu'il n'est pas question pour elle de témoigner.

 

Hier, toutes les questions des journalistes à M. Rousseau visaient exclusivement les gestes faits par les gestionnaires de la Caisse, relève la ministre - depuis le début, le gouvernement Charest soutient qu'il ne faut pas politiser une commission où les dirigeants de la Caisse doivent venir s'expliquer.

Le PQ sur sa faim

Critique financier du Parti québécois, François Legault soutenait hier en conférence de presse qu'il était resté sur sa faim après avoir écouté le discours d'Henri-Paul Rousseau. L'ancien patron de la Caisse «choisit ses sujets, choisit les périodes qui font son affaire» et explique seulement 4 milliards d'une dérive qui en a coûté 10 aux contribuables québécois.

Pour lui, la seule admission de M. Rousseau touche la hauteur des investissements en papiers commerciaux adossés à des actifs. L'ancien patron de la Caisse a reconnu qu'ils auraient dû être soumis à une analyse plus rigoureuse en termes de gestion de risque. Assimilés aux liquidités, ces papiers avaient été acquis sur la base d'une seule évaluation, celle de la Dominion Bond Rating Services. En publiant leurs chiffres la semaine dernière, les dirigeants de la Caisse avaient indiqué qu'ils se baseraient désormais sur deux évaluations.

Ces papiers commerciaux expliquent quatre des dix milliards de pertes que doit justifier la direction de la Caisse, selon M. Legault. Car si elle avait eu la même performance que les autres fonds, la CDP aurait perdu dix milliards de moins l'an dernier.

Pas moins de 3,7 milliards ont été perdus dans le portefeuille immobilier, bien plus que les autres investisseurs au pays, constate M. Legault.

«Sur les cinq dernières années, la Caisse a fait moins bien que le marché dans 11 de ses 15 portefeuilles. C'est ça que M. Rousseau aurait dû expliquer, il ne l'a pas fait» de résumer M. Legault, qui assimile à une opération de relations publiques, dans un cadre sympathique au gouvernement libéral, l'intervention de l'ancien PDG de la Caisse.

M. Rousseau a chaque fois fait attention pour utiliser la période 2002-2005 dans ses explications. S'il avait fait terminer ces cinq années en 2008, toute son argumentation se serait écroulée, observe M. Legault.

Le PQ, qui réclame que la Caisse investisse davantage dans l'économie québécoise plutôt que de chercher le rendement à tout prix, constate que les chiffres de rendements lui donnent raison. Là ou là Caisse a le mieux fait en 2008, c'est dans le portefeuille d'actions canadiennes et québécoises, «ce qu'elle connaît le mieux» résume M. Legault.

Médiation

Après avoir également réclamé avec insistance une commission parlementaire sur la Caisse de dépôt, l'Action démocratique du Québec entend désormais jouer un rôle de médiation entre le gouvernement et l'opposition péquiste pour qu'une commission parlementaire soit mise en place.

La chef par intérim, Sylvie Roy, a annoncé avoir mandaté le critique financier du parti, François Bonnardel, pour qu'il propose rapidement au gouvernement et au PQ une rencontre de négociations.