Pour la deuxième fois en moins d'un an, la Caisse de dépôt et placement du Québec devra trouver un nouveau patron.

Nommé à la tête du bas de laine des Québécois il y a quatre mois, Richard Guay a annoncé hier son départ comme président et chef de la direction de la Caisse. Il a passé la moitié de son mandat en congé de maladie. Les médias ont parlé d'épuisement professionnel (burn-out), la Caisse de «fatigue».

«M. Guay a vécu une situation personnelle assez importante qui l'a amené à faire des réflexions sur son avenir et il a décidé de donner sa démission comme chef de la direction», dit Pierre Brunet, président du conseil d'administration de la Caisse.

Le gouvernement Charest devrait officialiser la nomination de Fernand Perreault comme président par intérim de la Caisse demain au cours de la réunion du Conseil des ministres. Vieux routier de la Caisse où il était responsable du secteur immobilier, M. Perreault assurait l'intérim comme président depuis le début du congé de maladie de Richard Guay, le 12 novembre dernier. M. Perreault sera en poste au cours des six prochains mois, le temps que la Caisse trouve un nouveau président.

La Caisse avait passé l'été dernier à tenter de trouver un successeur à Henri-Paul Rousseau, qui avait quitté l'institution le 30 mai 2008 afin de se joindre à Power Corporation.

Après avoir examiné 127 candidatures, la Caisse a retenu celle de Richard Guay, qui assurait déjà l'intérim depuis le départ de son mentor Henri-Paul Rousseau.

Même si le règne de Richard Guay aura été court, la Caisse ne regrette pas son choix.

«Ceux qui ont la compétence de Richard Guay peuvent se compter sur les doigts de la main à Montréal, dit Pierre Brunet. La situation personnelle de Ricard Guay s'est développée dans les mois qui ont suivi sa nomination. On ne peut pas prévoir ça. Ça peut arriver à n'importe qui.»

Un processus de six mois

Six mois après le départ d'Henri-Paul Rousseau, la Caisse doit reprendre le même exercice. Elle estime avoir besoin de plusieurs mois afin de trouver la perle rare. La Caisse ne commencera ses recherches qu'après la publication de ses résultats annuels à la fin du mois de février. L'année 2008 pourrait la pire de l'histoire de la Caisse en raison de la dégringolade des marchés boursiers et de ses investissements dans le papier commercial.

«En un an, il y a des situations qui peuvent changer, dit Pierre Brunet. Parfois, des personnes qui n'étaient pas disponibles le deviennent. Il faut aussi reconnaître que nous traversons une période exceptionnelle. Il faut prendre le temps de regarder nos stratégies et Fernand Perreault est une valeur sûre. Il est à la Caisse depuis plus de 20 ans et il a la confiance du conseil d'administration et des gestionnaires.»

Les explications de la Caisse ne convainquent pas le Parti québécois, qui trouve le délai de six mois «exagéré». «La Caisse a déjà une liste de candidats, dit François Legault, député et critique du PQ en matière de finances publiques. Si on est capable de faire une campagne électorale en 33 jours, je ne vois pas comment la Caisse peut prendre six mois pour trouver un nouveau président.»

Parmi les noms qui avaient été évoqués lors de la course à la succession d'Henri-Paul Rousseau: Jean Houde, sous-ministre au ministère des Finances du Québec, et Jean-Guy Desjardins, fondateur de Fierra Capital. Selon La Presse, M. Desjardins aurait été le premier choix du comité de sélection de la Caisse. Sa candidature aurait toutefois reçu un accueil glacial au sein du gouvernement Charest en raison de ses sympathies adéquistes (il a contribué à la caisse de l'ADQ en 2003 et 2007). Jean-Guy Desjardins aurait finalement été coiffé au fil d'arrivée par Richard Guay, à la Caisse depuis 1995.

Trois Québécois travaillant à l'international ont aussi un profil intéressant: François Trahan, qui a fait sa marque dans les milieux financiers new-yorkais, Jean Raby, directeur de Morgan Stanley à Paris, et Réal Desrochers, directeur des investissements alternatifs à la caisse de retraite des enseignants de Californie, dont l'actif sous gestion est supérieur à celui de la Caisse de dépôt.

Guay reste

Même s'il n'occupera plus le fauteuil du grand patron, Richard Guay reste employé de la Caisse de dépôt. À partir de demain, il sera conseiller stratégique du président par intérim Fernand Perreault - un poste créé spécialement pour lui. La Caisse espère que cette nouvelle association sera longue et fructueuse. «Il a une compétence que nous voulons garder», dit Pierre Brunet.

Richard Guay, qui gagnait un salaire annuel de base de 425 000$ comme PDG de la Caisse, verra sa rémunération diminuer de moitié dans ses nouvelles fonctions. Il a un contrat de cinq ans avec la Caisse. En congé de maladie depuis huit semaines, il est revenu au travail hier.