Le président français Emmanuel Macron a «déploré» jeudi l'application par les États-Unis d'importants tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium importés de l'Union européenne, la qualifiant d'«illégale» et d'«erreur» et promettant une réaction forte de l'Europe.

«Je déplore la décision américaine» et «nous aurons une position européenne à prendre», a déclaré Emmanuel Macron, qui devait s'entretenir dans la soirée avec son homologue américain Donald Trump.

«Cette décision n'est pas conforme au droit commercial international (...), donc elle est illégale», a-t-il ajouté à l'issue d'une réunion à l'Elysée consacrée au patrimoine en péril.

«Sur le climat, il (Donald Trump) a échoué, il n'a pas réussi à démanteler l'accord de Paris parce que nous avons réagi tout de suite», a-t-il poursuivi. «Sur l'Iran, nous sommes en train de travailler activement, nous sommes en train de construire une position européenne (...) On va essayer de tenir, de ne pas subir cette déstabilisation», a-t-il ajouté. «Sur le commerce, l'Europe va réagir», a-t-il promis.

Les États-Unis ont décidé de ne pas prolonger l'exemption temporaire accordée à l'Union européenne jusqu'à jeudi minuit et vont mettre en place des taxes de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium au titre de la protection de leur «sécurité nationale».

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a rapidement réagi en annonçant des droits de douane supplémentaires sur des produits en provenance des USA.

«Je pense que cette décision est une erreur à plusieurs égards, une erreur car elle répond à des déséquilibres internationaux de la pire manière, c'est-à-dire en fragmentant et en faisant du nationalisme économique et commercial. Le nationalisme, c'est la guerre. C'est exactement ce qui s'est passé dans les années 30», a lâché Emmanuel Macron.

Tous ces sujets de contentieux devont être abordés «avec beaucoup de franchise» au prochain G7 début juin au Canada, a-t-il dit. «Il ne faut pas faire un G7 comme si de rien n'était», a insisté le président français qui a aussi appelé à une réforme en profondeur de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC).

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a fustigé de son côté une volonté de Donald Trump d'imposer «la loi du plus fort».

«C'est une mesure brutale, inacceptable. C'est la loi du plus fort mais la vie du monde, les relations internationales, ce n'est pas la loi du plus fort. Les relations internationales ce n'est pas le far west», a-t-il déclaré sur la chaîne d'informations en continu LCI.

«Malheureusement ce que l'on appelait "l'America first", l'Amérique d'abord, est en train de devenir "America Alone", Amérique toute seule", a souligné le ministre, en appelant à y répondre par le multilatéralisme.

Les États-Unis restent toutefois des «alliés» et «cet isolationnisme militant développé par le président Trump à un moment aura une fin», a relevé Jean-Yves Le Drian.

«Ce sont nos alliés parce que nous sommes ensemble contre le terrorisme, sur la situation en Corée du nord, dans certains combats en Afrique et nous avons des désaccords que nous exprimons», a-t-il dit. «Nous ne souhaitons pas qu'il y ait une guerre commerciale», a-t-il ajouté.