Le Japon, qui avait affiché en 2016 un excédent commercial pour la première fois en six ans, a débuté 2017 dans le rouge en enregistrant en janvier un déficit en hausse de 68% sur un an.

Le solde s'est établi à -1086,9 milliards de yens (12,6 milliards de dollars CAD), à comparer à -647,7 milliards en janvier 2016, selon les statistiques publiées lundi par le ministère des Finances.

Il s'agit du premier déficit en cinq mois, mais ce n'est pas une surprise: les comptes commerciaux du Japon sont traditionnellement affectés en janvier par le Nouvel An chinois, synonyme d'activité ralentie en Chine, un des principaux partenaires de l'archipel nippon.

Cependant le déficit enregistré le mois dernier est bien plus important qu'anticipé par les économistes interrogés par l'agence Bloomberg News (-625,9 milliards de yens).

Les exportations, qui avaient rebondi en décembre après 14 mois de baisse, n'ont de fait progressé que modestement (+1,3% à 5421,9 milliards de yens).

Elles ont perdu de leur vigueur en direction de la Chine (+3,1%, après +12,4% en décembre), sous l'effet des vacances du Nouvel An. Le déficit avec ce pays s'est ainsi creusé (-909 milliards de yens).

Les expéditions ont par ailleurs reculé vers l'Union européenne (-5,6%) et les États-Unis (-6,6%), du fait de moindres ventes de voitures, même si le Japon maintient un excédent confortable vis-à-vis du marché américain (399 milliards de yens), un sujet devenu un point de friction depuis l'élection de Donald Trump.

Le facteur pétrole

Les analystes ont toutefois appelé à relativiser ces statistiques, misant sur rebond dans les mois à venir. «Les exportations restent sur la voie de la reprise, dans un contexte d'embellie économique mondiale», a commenté Yuichi Kodama, économiste en chef de Meiji Yasuda Life Insurance, cité par Bloomberg News. «L'économie reste soutenue par la demande extérieure, tandis que la demande intérieure demeure faible».

Plus de quatre ans après le lancement de sa stratégie «abenomics» mêlant largesses budgétaires, assouplissement monétaire et réformes structurelles, le premier ministre Shinzo Abe n'a pas réussi à redonner confiance aux ménages, qui restent très frileux dans les dépenses.

Pour l'heure, la troisième économie mondiale tire donc sa modeste croissance essentiellement du commerce extérieur.

Outre le manque de dynamisme des exportations en janvier, le Japon a pâti d'une augmentation des importations, la première depuis décembre 2014 (+8,5% à 6508,8 milliards de yens). La faute à une hausse de la facture énergétique par rapport à un an plus tôt (+35,6% pour les dépenses en pétrole, +52,2% pour le charbon) sur fond de remontée des cours des matières premières.

Cette tendance devrait s'accentuer du fait de l'accord signé fin 2016 entre l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ses partenaires, dont la Russie, pour baisser leur offre au premier semestre afin de faire remonter les prix.

Le Japon, pays extrêmement pauvre en ressources naturelles, était avantagé depuis 2015 par la chute des cours de l'or noir, qui lui avait permis de renouer avec un excédent commercial en 2016, après la déroute causée par l'accident nucléaire de Fukushima.

Le drame, provoqué par le séisme et le tsunami meurtriers du 11 mars 2011, avait porté un coup d'arrêt au nucléaire. Depuis, les achats d'hydrocarbures à l'étranger ont été intensifiés pour faire tourner les centrales thermiques.