L'accord de principe du Partenariat transpacifique (PTP) a été accueilli à bras ouverts par le milieu québécois des affaires, qui voit dans cet accord de libre-échange une occasion de dynamiser les exportations canadiennes.

Si l'entente est ratifiée, la zone de libre-échange regroupera 12 pays, dont le Canada, les États-Unis, l'Australie et le Japon, mais pas la Chine. Elle regroupera 800 millions de personnes en plus de représenter 40 % de l'économie mondiale.

Le PTP a entre autres été salué par Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), le Conseil du patronat du Québec (CPQ) ainsi qu'Aéro Montréal.

Plusieurs ont souligné l'effet positif de l'abolition des tarifs douaniers pour les exportateurs de porc et de sirop d'érable ainsi que les secteurs de l'aéronautique, des ressources naturelles, des produits de la forêt et de la machinerie.

Avec plus d'un emploi canadien sur cinq relié aux exportations, le président-directeur général du CPQ, Yves-Thomas Dorval, a souligné l'importance pour le Canada d'adhérer au PTP.

«Notre marché domestique, en raison de la démographie vieillissante, est en recul, a-t-il dit. Nous n'avons pas le choix, il faut diversifier et accroître nos possibilités (d'affaires) avec les autres pays.»

Même si 75 % des exportations canadiennes aboutissent aux États-Unis, M. Dorval estime que les échanges commerciaux avec ce pays ont atteint une «certaine maturité», ce qui justifie également l'adhésion au PTP.

«Trop important pour ne pas y participer»

Par ailleurs, le milieu québécois des affaires n'est pas demeuré insensible à l'endroit des producteurs agricoles, qui ont vu les négociateurs canadiens consentir à des assouplissements en ce qui a trait à la gestion de l'offre.

Le président de MEQ, Éric Tétrault, a concédé que certains producteurs agricoles sous l'égide de ce système pourraient subir certains contrecoups des concessions canadiennes, prenant soin d'ajouter qu'une compensation financière était déjà évoquée par Ottawa.

«Le gouvernement fédéral parle déjà de quelques milliards de dollars, a-t-il dit. Nous avons besoin de stimuler l'économie canadienne. C'est un accord trop important pour ne pas y participer.»

La FCCQ a abondé dans le même sens, même si elle appuyait les efforts du gouvernement Couillard pour tenter de préserver intégralement la gestion de l'offre.

«Nous avons une occasion unique d'être un acteur de premier plan dans les règles qui donneront forme au commerce international pour les années à venir», a fait savoir sa présidente-directrice générale, Françoise Bertrand.

Le CPQ et MEQ ont néanmoins souligné que le PTP offrira d'autres occasions d'affaires dans le secteur agroalimentaire, notamment pour les producteurs de porc, de petits fruits ainsi que de produits de la mer.

Pas de nouvelles négociations

Les responsables canadiens ont catégoriquement rejeté une proposition néo-zélandaise visant à donner un plus grand accès aux produits laitiers de ce pays.

Les Néo-Zélandais, qui ont tenté de convaincre les Canadiens de renoncer à leur système de gestion de l'offre, maintiennent qu'un jour, les producteurs laitiers du Canada devront ne plus être protégés par des politiques protectionnistes.

Le ministre du Commerce de la Nouvelle-Zélande, Tim Groser, a affirmé que les 12 pays signataires du Partenariat transpacifique (PTP) devaient être ouverts à de futurs ajustements. Ce pays de l'Océanie avait tenté une offensive de dernière minute pour pouvoir vendre encore plus de ses produits laitiers sur les marchés de ses 11 partenaires.

M. Groser a affirmé que son pays avait atteint ses principaux objectifs au cours des négociations. Seuls lui ont échappé l'ouverture du marché japonais aux boeufs néo-zélandais et un meilleur accès à l'étranger pour ses produits laitiers.

Des hauts responsables canadiens, parlant sous le couvert de l'anonymat, ont cependant dit que l'entente n'ouvrirait pas la voie à de nouvelles négociations.

«L'annonce d'aujourd'hui par les ministres signifie la conclusion des négociations sur le Partenariat transpacifique, a réagi l'un d'eux. Ce n'est pas une entente de principe. Ce n'est pas une entente sur certains éléments. Aujourd'hui marque la conclusion de tous les aspects de la négociation.»

Le gouvernement Harper soutient qu'il est parvenu à défendre le système canadien de gestion de l'offre lors des négociations ayant conduit à la conclusion de l'entente.

Le Canada a accepté d'augmenter à 3,25 pour cent la part des produits laitiers étrangers au pays.

La Nouvelle-Zélande espérait obtenir une plus grande ouverture aux marchés canadien et américain.

«Ce que nous avons accompli au sujet de ces enjeux épineux est d'établir une direction. Sans nul doute, il y a aura des ajustements à faire en fonction de cette direction que nous venons de prendre, a déclaré M. Groser à Atlanta. Nous avons ouvert un espace politique pour les futures générations de ministres du Commerce de mon pays.»

Un diplomate d'un des pays signataires, parlant lui aussi sous le couvert de l'anonymat, a souligné que plusieurs considéraient le PTP comme un «document vivant» qui évoluera au fur et à mesure que d'autres nations y adhéreront.

En attendant, les producteurs laitiers néo-zélandais sont loin d'applaudir l'entente. Andrew Hoggard, de la Fédération des agriculteurs de la Nouvelle-Zélande, estime que les négociateurs de son pays «ont tout donné (mais) se sont butés à des positions protectionnistes bien retranchées.»

«Si la gestion de l'offre est si formidable pour un secteur de l'économie canadienne, pourquoi le Canada ne l'applique-t-il pas pour l'ensemble de l'économie ? Ranimons le Politburo afin que tout soit assujetti à la gestion de l'offre», s'est-il exclamé.

M. Hoggard a ajouté que tôt ou tard, les producteurs laitiers devraient imiter les éleveurs de porcs ou de boeufs et renoncer aux politiques protectionnistes.