La Chine a vu ses importations dégringoler en mai pour le septième mois consécutif, tandis que ses exportations essuyaient un nouveau repli, symptômes inquiétants de la détérioration de la demande et du ralentissement de l'activité dans la deuxième économie mondiale.

Inexorablement, les importations chinoises continuent de piquer du nez. Elles ont plongé de 17,6% sur un an le mois dernier, à 131,26 milliards de dollars, selon des chiffres officiels publiés lundi.

Exprimées en yuans, les importations ont chuté de 18,1%, a précisé l'administration des Douanes.

La contraction s'avère plus accentuée que le mois précédent (-16,2%) et bien au-delà du repli de 10% qu'attendaient les experts interrogés par l'agence Bloomberg.

Certes, ce chiffre morose «reflète en partie une pression (en valeur), puisque les cours des matières premières gonflaient» au printemps 2014, mais ont reflué considérablement depuis, observait Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.

Mais cette faiblesse n'en est pas moins «très décevante», car elle «balaye les espoirs que les mesures de soutien des autorités aient réussi à stimuler un quelconque rebond de la consommation», avertissait l'analyste.

De fait, le gouvernement comme la banque centrale (PBOC) ont multiplié ces derniers mois les coups de pouce à une économie à la peine, abaissant notamment à plusieurs reprises les taux d'intérêt. Mais sans résultat flagrant jusqu'à présent.

De façon symptomatique, les douanes ont fait état de fortes baisses --en volume-- des importations de pétrole brut (-10,9% sur un an), de minerai de fer (-8,5%) et de cuivre (-5,6%)... ce qui augure mal de la vigueur de l'activité manufacturière à court terme.

La chute des importations de pétrole à 5,5 millions de barils/jour (mbj) --au plus bas depuis février 2014 et contre un niveau record de 7,4 millions de barils/jour en avril-- relègue à nouveau la Chine derrière les États-Unis comme premier pays importateur de brut.

Essoufflement

Sur le front de la demande extérieure, le tableau n'est guère plus réjouissant, alors que les exportations demeurent l'un des moteurs de croissance de la Chine, numéro un mondial des échanges manufacturés.

Les exportations du pays se sont repliées de 2,5% à 190,75 milliards de dollars. Certes, au-dessus de la prévision médiane des analystes (-4%) et mieux que la baisse surprise de 6% affichée le mois précédent.

Mais difficile de parler d'embellie: il s'agit de leur troisième recul mensuel consécutif.

Les exportations vers les États-Unis --dont la reprise économique s'accélère-- grimpent solidement, mais celles vers l'Union européenne, premier partenaire de la Chine, s'enfoncent de presque 7%, et les échanges avec les économies émergentes fléchissent.

Alors qu'exportations et importations s'essoufflent de concert, l'excédent commercial chinois a bondi de 65,5% sur un an à 59,5 milliards de dollars --non loin du sommet historique enregistré en février.

La potion des autorités

«La robuste dynamique de la croissance américaine devrait donner un coup de fouet au commerce extérieur, tandis que les efforts des autorités pour soutenir la demande intérieure devraient aider les importations», tempérait M. Evans-Pritchard.

Et le yo-yo des cours des matières premières, qui avaient dégringolé au second semestre 2014, offriront sous peu une base de comparaison annuelle plus favorable, suggérait-il.

Un optimisme prudent auquel souscrivaient les experts de la banque ANZ: pour eux, consommation et investissements reprendront du poil de la bête d'ici la fin du 3e trimestre, grâce aux assouplissements monétaires déjà adoptés, mais également aux récents rabais sur certaines taxes d'importation.

Ce qui n'empêchait pas Yang Zhao, économiste chez Nomura, d'anticiper deux abaissements supplémentaires des taux d'intérêt d'ici la fin de l'année, jugés indispensables à ses yeux pour doper une consommation désespérément atone.

Après une année 2014 marquée par une stagnation des importations et une sérieuse modération des exportations (+6,1%), les autorités visent toujours une progression d'«environ 6%» du commerce extérieur en 2015.

Un pari risqué, alors que la Chine est partie pour enregistrer cette année sa plus faible croissance économique depuis un quart de siècle.

Pékin n'en vante pas moins ses efforts de «rééquilibrage», cherchant à doper la consommation et le secteur des services, tout en appelant ostensiblement à «une montée en gamme» de ses exportations.