La pression est revenue mercredi en fin de séance sur le marché de la dette en zone euro après être un peu redescendue dans la foulée de chiffres de croissance fragiles en Allemagne au premier trimestre.

«Cela faisait quatre jours d'affilée que le marché ouvrait sur une montée sensible des rendements et aujourd'hui le marché a fait l'inverse», observe Patrick Jacq, un stratégiste obligataire de BNP Paribas.

«Pour autant, c'est encore extrêmement fragile», ajoute-t-il, alors que depuis la fin du mois d'avril le marché traverse une phase de forte remontée de ses taux d'emprunt.

Sur le marché de la dette, plus il y a d'acheteurs, plus les taux d'intérêt diminuent et plus les conditions de financements des États sont attractives. Et inversement.

La petite détente temporaire en cours de séance a été favorisée par la publication de chiffres de croissance en zone euro au premier trimestre 2015 qui, sans être de mauvaise facture, révèlent des fragilités.

«Le PIB allemand a plutôt déçu et celui de la France est au-dessus des attentes au premier trimestre, mais avec de bonnes raisons de penser que le 2e trimestre sera moins bon et avec une révision à la baisse du trimestre précédent», analyse M. Jacq.

La croissance a légèrement accéléré en zone euro au premier trimestre, avec un Produit intérieur brut en hausse de 0,4%, conformément aux attentes des analystes.

Fait rare, la reprise n'a toutefois pas été soutenue par l'économie allemande, qui a enregistré un coup de mou en début d'année (+0,3%) au contraire de son voisin français (+0,6%).

«Cette publication atténue l'idée, nourrie par certains investisseurs, que le programme de soutien de la Banque centrale européenne pourrait s'arrêter plus tôt que prévu et qui a en partie contribué à la hausse des taux d'emprunts depuis 15 jours», souligne M. Jacq.

Cependant, «le marché n'est pas calmé et reste très nerveux», remarque-t-il.

À 18 h 00 (12 h 00 heure de Montréal), le taux à 10 ans de l'Allemagne a fini à 0,724% contre 0,675% mardi sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise par les États.

Celui de la France a suivi le même cheminement pour finir à 0,997% contre 0,970%. Les pays du sud de l'Europe ont connu un mouvement similaire, le rendement à 10 ans de l'Espagne terminant à 1,884% (contre 1,830%) et celui de l'Italie à 1,892% (contre 1,849%).

La Grèce a fini pour sa part à 10,543% (contre 10,858%) alors que le pays a levé 1,1375 milliard d'euros en bons du Trésor à trois mois, à un taux d'intérêt inchangé à 2,7% par rapport à la précédente émission similaire, a indiqué l'Agence de gestion de la dette grecque (PDMA).

Le pays a également publié des chiffres de croissance marqués par un nouvel épisode de récession avec un PIB en recul de 0,2% au premier trimestre 2015, deuxième trimestre consécutif de baisse, dans un climat d'incertitude lié aux négociations entre le gouvernement de gauche et ses partenaires européens, selon la première estimation mercredi du service des statistiques grecques (Elstat).

Hors zone euro, le taux d'emprunt à 10 ans de la Grande-Bretagne est aussi remonté à 2,02% contre 1,984%. Aux États-Unis, le taux à 10 ans remontait à 2,271% contre 2,249% mardi, tout comme celui à 30 ans, de 3,057% contre 3,013%. Par ailleurs, le taux à 2 ans était à 0,576% contre 0,596%.