L'activité manufacturière chinoise s'est repliée en décembre, selon HSBC qui a publié mardi son indice PMI des directeurs d'achat pour la Chine, à son plus bas niveau en sept mois, témoignant d'une conjoncture toujours maussade.

La santé du secteur manufacturier dans la deuxième économie mondiale s'est «détériorée», a souligné la banque en commentant ce chiffre morose, en deçà des prévisions d'analystes.

L'indice PMI calculé par HSBC --encore provisoire, le mois de décembre n'étant pas achevé-- s'établit à 49,5, contre 50,0 en novembre. Il faut remonter à mai pour trouver un niveau plus mauvais, à 49,4.

Un chiffre supérieur à 50 marque une expansion de l'activité manufacturière, tandis qu'un indice inférieur à ce seuil signale une contraction.

«La demande intérieure a considérablement ralenti», a commenté Qu Hongbin, économiste chez HSBC, cité dans un communiqué. «Les prix ont aussi beaucoup chuté».

Après le mois de novembre, marqué par des fermetures d'usines autour de Pékin durant un sommet de l'Apec (Forum Asie-Pacifique), «on aurait pu s'attendre à un léger rebond de l'activité, avec le retour à la normale de la production des usines concernées», a noté Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics.

De fait, «la composante de l'indice mesurant la production a certes remonté faiblement, mais cela a été totalement estompé par la brusque baisse des nouvelles commandes», a-t-il observé, pointant «la faiblesse de la demande intérieure».

Pour les experts de Nomura, la publication de HSBC laisse augurer des statistiques économiques décevantes pour le mois de décembre.

La production industrielle chinoise a déjà enregistré en novembre un fort ralentissement, plus marqué qu'attendu, selon des chiffres publiés en fin de semaine dernière.

La croissance économique de la Chine a ralenti à 7,3% au troisième trimestre, au plus bas depuis 5 ans, alors même que Pékin s'est fixé un objectif annuel d'«environ 7,5%».

Mais l'assombrissement accru de l'économie pourrait justement inciter Pékin à prendre sous peu de nouvelles mesures pour stimuler l'activité, faisaient valoir mardi les analystes de Nomura.

La banque centrale chinoise (PBOC) avait procédé courant novembre à une baisse inattendue de ses taux d'intérêt, une décision inédite depuis 2012. Et selon Dow Jones Newswires, l'institution a entrepris la semaine dernière d'injecter l'équivalent de 53 milliards d'euros de liquidités supplémentaires dans le système bancaire.

Selon Qu Hongbin, la PBOC pourrait se résoudre à de assouplissements accrus de sa politique monétaire.

Mais d'autres analystes se montrent plus prudents, rappelant les efforts engagés par Pékin pour «rééquilibrer» son modèle de croissance au détriment des surcapacités industrielles et investissements non productifs... quitte à voir la croissance se modérer quelque peu.

«Les dirigeants veulent éviter un plongeon brutal de la croissance, mais les objectifs de rééquilibrages structurels et les risques sur l'envolée du crédit (que Pékin cherche à juguler) signifie qu'ils sont prêts à accepter un ralentissement graduel de l'économie sur les prochains trimestres», a estimé M. Evans-Pritchard.