Une résolution condamnant les fonds «vautours», ces fonds qui ont gagné aux États-Unis une longue procédure judiciaire contre Buenos Aires dans le litige sur sa dette, a été adoptée vendredi par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU.

«Les fonds vautours ne vont pas s'arrêter tant que nous ne les arrêtons pas nous», a déclaré le ministre des Affaires étrangères de l'Argentine, Hector Timerman, devant le Conseil.

«Les milliards que les fonds vautours prennent dans les pays du sud (...) se traduisent par la fermeture d'écoles, des hôpitaux sans médicaments, des familles cherchant de la nourriture dans les poubelles, de la misère, de l'instabilité politique, la chute de gouvernements, la haine, l'insécurité, la violence», a-t-il ajouté.

La résolution, soutenue aussi par le Brésil, la Russie, le Venezuela et l'Algérie, a été adoptée avec 33 voix pour, 5 contre et 9 absentions.

Les États-Unis se sont opposés à la résolution, estimant qu'elle était source de «graves préoccupations».

La résolution «condamne les activités des fonds rapaces en raison des incidences négatives directes que le règlement des créances de ces fonds, dans des conditions abusives, a sur la capacité des gouvernements de s'acquitter de leurs obligations en matière de droits de l'Homme».

Elle souligne que les «fonds rapaces, par la voie judiciaire et par d'autres moyens, obligent les pays endettés à détourner des ressources financières dégagées par l'annulation de la dette», compromettant «la capacité des gouvernements de garantir le plein exercice des droits fondamentaux de la population».

Le Conseil encourage par ailleurs «tous les États à participer aux négociations visant à établir un cadre juridique multilatéral pour les opérations de restructuration de la dette souveraine».

Le processus de désendettement de l'Argentine, conclu avec 93% des créanciers après la faillite de 2001, chancelle depuis que la justice américaine a ordonné à Buenos Aires de verser 100% de la valeur initiale des bons à des fonds «vautours» minoritaires (ils ne détiennent que 1% de la dette argentine).

Le paiement des créanciers du pays a même été bloqué tant que ce jugement n'est pas exécuté par Buenos Aires, contraignant le pays à se déclarer en défaut de paiement partiel fin juillet.

Une proposition d'un mécanisme international sur la dette des États avait été portée par le FMI en 2003 avant d'être abandonnée sous la pression des États-Unis et des grands émergents.