L'activité des hôpitaux publics portugais a été perturbée par une grève de deux jours entamée mercredi par les infirmiers afin de protester contre le manque d'effectifs et des horaires à rallonge.

Selon le Syndicat des infirmiers portugais (SEP), à l'origine du mouvement, «plus de 80%» des 39 000 infirmiers travaillant dans le secteur public ont adhéré à la grève. Ce taux a été qualifié de «fantaisiste» par le ministère de la Santé, qui n'a toutefois pas avancé de chiffre.

Alors que la grève a entraîné le report de nombreuses consultations et opérations, un service minimum était assuré notamment dans les unités d'urgence et de soins intensifs.

Le gouvernement s'est engagé à recruter 1000 infirmiers avant la fin de l'année et 700 supplémentaires en 2015, une promesse qui a été jugée insuffisante par les grévistes. «Il nous faut 25 000 infirmiers de plus pour faire face à notre charge de travail», a déclaré à l'AFP une des dirigeantes du SEP, Guadalupe Simoes.

«À force d'assurer des vacations de 12 à 16 heures, les infirmiers sont épuisés. Le surmenage dû à des semaines de travail de 48 à 56 heures met en péril notre propre santé, mais aussi celle de nos patients», a-t-elle poursuivi.

Selon les estimations du SEP, 3500 infirmiers portugais ont émigré au cours des deux dernières années, surtout en Grande-Bretagne, Suisse et Allemagne.

Outre l'allongement du temps de travail, de 35 à 40 heures hebdomadaires, les infirmiers protestent contre les baisses salariales subies dans le cadre de la politique d'austérité menée par le gouvernement portugais de centre droit depuis plusieurs années.

Le secteur de la santé a fait l'objet d'importantes coupes budgétaires pour répondre aux exigences des créanciers de la troïka (UE-FMI-BCE) en échange d'un plan de sauvetage de 78 milliards d'euros accordé au Portugal en mai 2011 pour une période de trois ans.

Même avant ce programme d'assistance, les hôpitaux publics ont été mis au régime sec, selon Jorge Rebelo, 60 ans, infirmier depuis 32 ans dans un hôpital de Cascais à l'ouest de Lisbonne: «depuis 2005, mon salaire net est passé de 1700 à 1300 euros par mois», a-t-il indiqué.

Mais le principal motif de la grève n'est pas les revendications salariales, assure-t-il: «il faut réduire la charge de travail et nos horaires. Nous sommes à bout».

Les conflits sociaux au sein du secteur public se poursuivront cette semaine au Portugal avec une grève des salariés du métro de Lisbonne jeudi et un arrêt de travail des fonctionnaires de justice vendredi.