Le président ukrainien Petro Porochenko a signé vendredi un pacte économique et commercial avec l'Union européenne (UE).

Il a affirmé qu'il pourrait s'agir du «jour le plus important» pour son pays depuis son indépendance de l'Union soviétique.

La décision de son prédécesseur pro-Moscou, Viktor Ianoukovitch, de renoncer à ce même accord d'association avec l'Union européenne en novembre avait déclenché des manifestations massives en Ukraine, menant éventuellement à la fuite de M. Ianoukovitch vers l'étranger, à l'annexion par la Russie de la péninsule de la Crimée et à des tensions persistantes entre la Russie et l'Ukraine.

Les leaders européens doivent décider, plus tard vendredi, s'ils imposeront de nouvelles sanctions à la Russie pour ses agissements en Ukraine.

Avant la cérémonie de signature, M. Porochenko a brandi un stylo commémoratif sur lequel était inscrite la date du sommet de Vilnius lors duquel M. Ianoukovitch avait refusé de signer l'entente.

«Les événements historiques sont inévitables», a dit le président ukrainien.

La rencontre de vendredi a aussi été le théâtre de la signature d'accords similaires entre l'UE et deux anciennes républiques soviétiques, la Moldavie et la Géorgie.

Les entreprises des trois pays dont les biens et services répondent aux normes européennes pourront commercer librement dans les 28 pays du bloc économique, sans restrictions ou tarifs. Des mêmes, les biens et services européens pourront être écoulés plus facilement en Ukraine, en Moldavie et en Géorgie.

«C'est une perspective complètement nouvelle pour mon pays», a dit M. Porochenko.

«Il n'y a rien dans ces accords ou dans l'approche de l'Union européenne qui puisse nuire à la Russie de quelque façon que ce soit», a dit le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy.

Moscou a rapidement annoncé qu'elle se réserve le droit de répliquer. Le porte-parole du président Vladimir Poutine, Dimitri Peskov, a déclaré aux médias russes que le Kremlin réagirait à l'accord entre l'UE et l'Ukraine «dès que des conséquences négatives surviendront pour l'économie».

M. Peskov a toutefois écarté toute mesure immédiate contre le gouvernement Porochenko, même si la Russie a précédemment imposé des embargos commerciaux à ses voisins en réaction à des décisions économiques ou politiques qui déplaisaient au Kremlin.

Des experts de la Commission européenne estiment que la mise en oeuvre de l'accord devrait accroître le revenu national de l'Ukraine d'environ 1,2 milliard d'euros (1,6 milliard $ US) par an. L'entente s'accompagne d'un plan de 10 ans pour permettre à l'Ukraine de se conformer à la réglementation européenne des produits - des règles qui facilitent les échanges commerciaux au-delà de l'Europe.

L'entente imposera aussi à l'Ukraine d'adopter les règles européennes en ce qui concerne les contrats gouvernementaux, la concurrence et la propriété intellectuelle, ce qui stimulera l'économie en la rendant plus attrayante pour les investisseurs et en réduisant la corruption.

M. Porochenko a promis que son pays sera un jour en mesure de devenir un membre à part entière de l'Union européenne.

Par ailleurs, l'ONU a indiqué vendredi que quelque 110 000 Ukrainiens ont fui vers la Russie depuis le début de l'année et que 54 000 autres ont été chassés de leurs domiciles, sans pour autant quitter le pays, par les combats entre forces gouvernementales et insurgés prorusses dans l'Est.

Seulement 9500 personnes ont officiellement demandé le statut de réfugié en Russie, contre 750 en Pologne, au Bélarus, en République tchèque et en Roumanie, selon l'agence onusienne des réfugiés.