Le moment est venu «maintenant» d'ouvrir un nouveau chapitre de la relation entre les États-Unis et Cuba, a affirmé jeudi à La Havane le président de la Chambre de Commerce américaine Thomas Donohue, à l'issue de la plus importante visite d'un responsable américain à Cuba de ces dernières années.

«Trop longtemps, la relation entre nos nations a été définie par nos différences, il est temps d'ouvrir un nouveau chapitre des relations entre les États-Unis et Cuba, et ce moment, c'est maintenant», a affirmé Thomas Donohue, patron d'un des plus importants lobbies américains.

La Chambre de Commerce américaine, qui représente quelque trois millions d'entreprises, «croit qu'il est temps d'éliminer les barrières politiques établies de longue date et de gommer nos différences», a ajouté M. Donohue à l'issue d'une visite de trois jours à Cuba à la tête d'une forte délégation de chefs d'entreprises américains.

«Depuis des années, la Chambre de Commerce appelle notre gouvernement à éliminer l'embargo commercial contre Cuba, l'heure est venue d'une approche nouvelle», a affirmé Thomas Donohue à l'université de La Havane, devant des dizaines de responsables cubains et américains.

«C'est dans l'intérêt du peuple américain et des entreprises américaines», a-t-il souligné à propos de la levée de l'embargo imposé par Washington à Cuba depuis 1962.

Président de la Chambre de Commerce depuis 1997, Thomas Donohue s'était déjà rendu à Cuba une première fois en 1999. «Le moment est beaucoup plus favorable», a-t-il remarqué.

Néanmoins, «il reste beaucoup à faire. Et beaucoup à faire des deux côtés», a jugé le responsable d'un des plus importants lobbies américains.

Le président américain Barack Obama, qui a déjà partiellement libéralisé les voyages des Américains à Cuba et les envois d'argent vers Cuba, «pourrait prendre de nouvelles mesures d'assouplissement, ouvrir de nouvelles voies pour l'importation et l'exportation des biens et des services», a-t-il ajouté.

De son côte, «Cuba doit étendre et accélérer ses réformes économiques qui sont dans l'intérêt du peuple cubain», a-t-il jugé en vantant les mérites de la libre entreprise.

«Plus Cuba démontrera le sérieux de ses engagements dans les réformes économiques et plus Cuba agira pour résoudre les conflits entre les deux nations, plus il y aura de possibilités de changements de la politique américaine», a-t-il estimé.

Concernant les droits de l'homme et les libertés civiques, le patron américain a jugé que c'étaient des «sujets sérieux qui doivent être abordées par les deux gouvernements dans le cadre d'un dialogue continu et constructif».

«Tous les systèmes n'ont pas besoin d'être les mêmes. Mais nous pensons que tout le monde entretient une aspiration universelle à vivre avec des opportunités, dans la dignité et la liberté», a-t-il souligné.

Au cours de leur visite à Cuba, les patrons américains ont notamment rencontré de nombreux nouveaux entrepreneurs indépendants et visité des coopératives récemment créées dans le cadre des réformes économiques lancées depuis trois ans par le gouvernement cubain.

«Cuba a réalisé que le gouvernement n'a pas besoin de contrôler toutes les facettes de l'économie», s'est réjoui le responsable américain.

Ils ont également visité le méga-port de Mariel, à 50 km à l'ouest de La Havane, inauguré en janvier par les autorités cubaines qui espèrent en faire un des plus importants noeuds commerciaux et industriels des Caraïbes.

Le chef de la Chambre de Commerce américaine a également été reçu juste avant son départ jeudi soir par le président cubain Raul Castro, avec lequel il s'est entretenu de «sujets d'intérêt commun», a rapporté la télévision cubaine.

Sa visite à Cuba été précédée de quelques jours par la publication d'une lettre ouverte signée d'une quarantaine de personnalités américaines du monde des affaires et de la politique appelant le président Obama à assouplir l'embargo contre Cuba.