Les ministres des Finances de l'ASEAN ont appelé à la vigilance samedi, à l'issue d'une réunion en Birmanie, face à la probable poursuite des mouvements de capitaux provoqués par la politique de la Banque centrale américaine (Fed).

Les ministres des dix pays membres de l'Association des Nations d'Asie du Sud-est (ASEAN) ont toutefois estimé que leurs pays étaient bien armés pour résister à la fin progressive des mesures d'assouplissement quantitatif.

Cette rencontre a également marqué le retour sur la scène diplomatique de la Birmanie, pays longtemps isolé.

Les perspectives de la région «restent solides, assises sur la hausse de la demande intérieure poussée par la consommation des ménages et les investissements dans les infrastructures», ont souligné les ministres dans un communiqué commun.

«Nous restons vigilants pour gérer les risques, notamment les flux de capitaux, les mouvements de devises, l'émergence de pressions inflationnistes et le resserrement des conditions financières qui pourrait peser sur la croissance», ajoute le texte.

Certaines économies émergentes, comme l'Indonésie, ont souffert de mouvements brusques de fuite des capitaux et de chute de leur monnaie après que la Fed a commencé à réduire son programme de soutien massif à l'économie américaine.

Le ministre indonésien des Finances, Chatib Basri, a souligné que la région devait également se tenir prête, outre les conséquences de la réduction des mesures de soutien, à faire face à une hausse des taux de la Fed.

«Cela pourrait avoir un impact sur les mouvements de capitaux placés sur les marchés émergents, y compris ceux de l'ASEAN, vers les États-Unis», a-t-il déclaré à la presse.

Mais il ajouté que l'ASEAN s'était préparée à cette modification de la politique américaine, soulignant l'importance de s'attaquer aux déficits budgétaires et des paiements courants.

La politique de la Fed est de «créer» de la monnaie en rachetant de la dette auprès des institutions financières ce qui contribue à faire baisser les taux à long terme et, en théorie, à relancer l'économie en encourageant les entreprises et les ménages à emprunter.

Au fur et à mesure que l'économie américaine se redresse, la Fed réduit toutefois progressivement l'ampleur de son soutien.

Les investisseurs qui étaient venus placer des capitaux à la recherche de meilleurs rendements à partir de 2008 dans des pays émergents comme l'Indonésie, les Philippines et la Thaïlande, ont en conséquence commencé à se retirer pour les rapatrier aux États-Unis.

«Les fondamentaux macroéconomiques des pays de l'ASEAN sont solides, beaucoup plus qu'en 1997», date de la dernière crise financière qui les avaient frappés, a affirmé le président de la Banque asiatique de Développement (BAD) Takehiko Nakao lors de la réunion de Naypyidaw.

«Les gouvernements ont mené des politiques macroéconomiques cohérentes, les banques sont bien capitalisées, les procédures de régulation et de supervision ont été renforcées. Les pays ont maintenant des réserves en devises beaucoup plus importantes», a-t-il souligné.

La BAD table sur une croissance de 5% des pays de l'ASEAN en 2014 et de 5,4% en 2015.

La région représente au total 600 millions de personnes et l'ASEAN veut mettre en place d'ici 2015 une Communauté économique pour mieux faire concurrence à la Chine et à l'Inde.

Ses membres sont la Thaïlande, la Malaisie, Singapour, l'Indonésie, les Philippines, Brunei, le Vietnam, le Laos, la Birmanie et le Cambodge.

La Birmanie a pris cette année la présidence tournante de l'association après avoir adopté des réformes comprenant notamment la libération de centaines de prisonniers politiques.