Accélération de la croissance, baisse générale des déficits, inflexion du chômage: les signes d'une reprise modeste s'accumulent pour la zone euro, même si les disparités restent vives avec des pays qui ne devraient pas respecter leurs engagements européens, au premier rang desquels: la France.

D'après les nouvelles prévisions économiques de Bruxelles, la reprise sera un peu plus forte que prévu cette année en zone euro, avec une croissance de 1,2%, puis 1,8% en 2015.

«La reprise gagne du terrain en Europe, même si elle reste modeste», a commenté le commissaire européen responsable des Affaires économiques, Olli Rehn. «L'activité progresse dans les pays les plus fragiles» de la zone euro, a-t-il noté, lors d'une conférence de presse au Parlement européen.

Seuls deux pays de la zone euro devraient encore être en récession en 2014: Chypre (-4,8%), affecté par un plan d'économies drastique, et la Slovénie (-0,1%), qui a évité de justesse en décembre le recours à un plan de sauvetage.

La Grèce, le pays d'où est partie la crise de la dette, devrait tourner la page de six années de récession. La croissance est attendue en hausse de 0,6% cette année, avant un remarquable 2,9% l'an prochain.

Signes d'amélioration

En outre, le processus d'assainissement budgétaire se poursuit au niveau de la zone euro, avec un déficit public attendu à 2,6% cette année et 2,5% en 2015.

Quant au chômage, il devrait commencer à légèrement décroître, même s'il reste à des niveaux très élevés, à 12,0% en 2014 et 11,7% en 2015.

Autre bonne nouvelle: la Commission ne croit pas au scénario d'une Europe tombant dans le cercle vicieux de la déflation, même si les perspectives d'inflation restent basses à moyen terme.

«Étant donné le renforcement progressif de la reprise et le regain de confiance, il n'existe qu'une probabilité marginale de chocs assez importants pour (...) faire entrer l'UE en déflation», note la Commission européenne qui table sur une inflation de 1,0% cette année et de 1,3% l'an prochain.

Malgré ce constat rassurant, elle rappelle qu'une «inflation très faible sur une période prolongée dans la zone euro entraînerait des risques pour le rééquilibrage de l'économie».

«Pas relâcher l'effort»

«Même si le pire de la crise est probablement derrière nous, il ne faut pas relâcher l'effort», a averti M. Rehn, invitant les États à «maintenir le cap des réformes économiques». D'autant plus que les disparités sont criantes au sein du continent.

Tandis que l'Allemagne devrait afficher une croissance de 1,8% cette année, puis de 2,0% en 2015, la France devrait rester à la traîne avec une hausse du PIB de 1,0% en 2014 puis 1,7% l'an prochain.

Pire: la deuxième économie de la zone euro devrait connaître un nouveau dérapage de ses finances publiques, son déficit public devant largement rester au-dessus de 3% en 2014 comme en 2015.

Paris verra son déficit public grimper à 4% cette année et rester à 3,9% en 2015, selon Bruxelles, alors que le gouvernement français ne cesse de promettre un déficit à 3,6% cette année et à 2,8% en 2015. Le ministre des Finances Pierre Moscovici devait réagir dans l'après-midi à ces chiffres qui confortent la mauvaise image de la France auprès de ses partenaires européens.

Elle n'est pas totalement seule dans ce cas: l'Espagne, qui a jusqu'en 2016 pour ramener son déficit public dans les clous, ne pourra pas non plus tenir ses engagements, avec un déficit prévu à 5,8% cette année, et à 6,5% l'an prochain. Bien loin des 3% espérés dans deux ans.

L'Allemagne, elle, aura des finances publiques parfaitement à l'équilibre cette année comme la suivante.