La hausse des prix à la consommation en Chine, principale jauge de l'inflation, a atteint 2,6% en 2013, le même niveau qu'en 2012, mais ce répit pourrait être momentané selon les experts.

Redoutant d'éventuels désordres sociaux, le gouvernement chinois a fait de la lutte contre la hausse des prix une de ses priorités.

Il est parvenu en 2013 à demeurer nettement en deçà de l'objectif de 3,5% d'inflation qu'il avait fixé, a annoncé jeudi le Bureau national des statistiques (BNS).

La deuxième économie mondiale a par ailleurs enregistré une hausse des prix à la consommation de 2,5% en décembre, en baisse par rapport au 3% d'inflation sur un an relevé en novembre, a ajouté le BNS.

Ce chiffre, exactement en ligne avec les attentes des économistes interrogés par l'agence Dow Jones Newswires, pourrait selon les experts favoriser une stabilisation de la politique monétaire du pays, après les sévères coups de vis de l'an passé.

«Une inflation sous contrôle encourage à maintenir une politique monétaire neutre, plutôt qu'à la durcir davantage», ont ainsi commenté Lu Ting et Zhi Xiaojia, analystes de Bank of America Merrill Lynch.

«Ces derniers mois, les marchés ont été de plus en plus inquiets à l'idée que la banque centrale (PBOC) puisse encore resserrer le crédit et la liquidité si l'inflation s'approchait du niveau plafond des 3,5%». Pour eux, les statistiques publiées jeudi sont donc «une bonne nouvelle».

De fait, le ralentissement de l'inflation en décembre «pourrait donner une marge de manoeuvre à la PBOC pour assouplir la situation de liquidité et maîtriser l'envol de taux des crédits» d'emprunts, libéralisés en juillet dernier, ont également indiqué ces experts.

La Banque populaire de Chine (PBOC), désireuse d'enrayer l'envolée du crédit et la fièvre des investissements spéculatifs, avait fortement restreint, en juin puis à nouveau en décembre, ses injections de liquidités dans le système financier, provoquant à chaque fois un vent de panique parmi les établissements bancaires.

L'inflation chinoise en 2013 est restée principalement entretenue par la montée des prix alimentaires, qui préoccupe particulièrement Pékin car elle frappe de manière disproportionnée les ménages les plus modestes qui dépensent une plus grande part de leurs revenus pour se nourrir.

Selon le BNS, les prix alimentaires ont gonflé de 4,7% sur un an, en raison de la forte progression des prix des céréales (+4,6%), de la viande (+25,4% pour le boeuf), des oeufs (+4,9%), des légumes frais (+8,1%) comme des produits laitiers (+5,7%), en raison d'aléas météorologiques et de la demande croissante dans le pays le plus peuplé de la planète, marqué par l'essor de sa classe moyenne.

Ce répit de l'inflation observé fin 2013 dans la deuxième économie mondiale pourrait cependant s'avérer très momentané, observent certains économistes.

«La hausse des prix en janvier pourrait à nouveau dépasser 3%, en raison de l'approche du Nouvel An chinois», période marquée par les achats de victuailles et cadeaux pour les réunions de famille, ont averti Liu Li-Gang et Zhou Hao, analystes de la banque ANZ.

Selon eux, «l'inflation pourrait même bondir à 3,2% ou 3,4% sur l'ensemble de l'année 2014», dopée notamment par des réformes attendues dans la tarification de l'énergie mais aussi par l'incessante flambée des prix immobiliers, entraînant dans leur sillage celle des loyers.

Dans ce contexte, les autorités devraient reconduire leur objectif plafond de 3,5%, estimait-on chez ANZ.

La croissance économique du pays avait enregistré en 2012 sa plus faible performance en treize ans, à 7,7%, avant de ralentir encore davantage au premier semestre de 2013.

Pékin avait adopté en juillet des «mesures d'ajustement», notamment des fiscaux, qui avaient encouragé un rebond de l'activité au deuxième semestre de l'année. Le chiffre officiel de la croissance du produit intérieur brut (PIB) pour 2013 sera dévoilé le 20 janvier.

De son côté, l'indice mesurant l'évolution des prix à la vente des produits à leur sortie d'usine (PPI) s'est replié de 1,4% sur un an en décembre, une baisse plus sévère qu'attendu, suggérant une fragilité persistante de l'activité manufacturière.