La Banque d'Angleterre a estimé mercredi que le chômage au Royaume-Uni allait reculer plus vite que prévu initialement, pour atteindre un taux au niveau cible de 7% dès le troisième trimestre 2015, seuil à partir duquel elle pourra envisager un resserrement monétaire.

«Le taux de chômage a baissé un peu plus rapidement que prévu» grâce à une croissance à court terme plus robuste, a relevé le gouverneur de la Banque d'Angleterre Mark Carney lors d'une conférence de presse suivant la publication du rapport trimestriel de l'institution sur les perspectives de l'économie britannique.

La banque centrale avait annoncé en août qu'elle n'envisagera pas de relever son taux d'intérêt, actuellement au niveau exceptionnellement bas de 0,50%, et de réduire ses injections massives de liquidités, tant que le taux de chômage sera supérieur à 7% au Royaume-Uni.

Mais le repli de ce taux s'est depuis accéléré, pour tomber à 7,6% sur la période de trois mois achevée fin septembre, contre 7,7% fin août, selon des chiffres publiés mercredi par l'Office des statistiques nationales (ONS).

Le gouverneur de l'institution a tout de même rappelé que le seuil de 7% servirait de déclencheur à une réflexion sur un éventuel resserrement monétaire et qu'il n'enclencherait en aucun cas une hausse de taux automatique.

Pour Craig Erlam, analyste chez Alpari UK, «la Banque d'Angleterre va s'en ternir à sa trajectoire (annoncée en août), ce qui implique qu'une discussion sur ses taux d'intérêt interviendra un an plus tôt que prévu initialement» et qu'elle ne va pas revoir ses critères.

Pour venir en aide à une économie alors en profonde récession, la banque centrale avait abaissé en mars 2009 son taux d'intérêt directeur au niveau historiquement bas de 0,50% et mis en place un programme de rachats d'actifs - dit d'«assouplissement quantitatif» - dont le montant total a été progressivement relevé pour atteindre 375 milliards de livres (445,7 milliards d'euros) en juillet 2012.

La Banque d'Angleterre a également abaissé ses projections pour l'inflation, qui devrait retrouver le niveau cible de 2% en début d'année prochaine, et non plus fin 2014 comme estimé dans le précédent rapport (publié en août), pour tomber sous ce seuil début 2015, du fait d'une «récente appréciation de la livre sterling».

M. Carney a par ailleurs salué une reprise économique qui «s'installe finalement» tout en soulignant que la croissance n'était pas pour autant «revenue à la normale».

De plus, l'institution a prévenu que la croissance risquait de s'atténuer légèrement en 2015 et 2016, sans la chiffrer précisément, conformément à son habitude.

La Banque d'Angleterre a précisé que «l'environnement extérieur continue de poser le plus grand danger pour la reprise, en particulier les ajustements nécessaires au niveau de l'endettement et de la compétitivité au sein de la zone euro» pourraient peser encore plus sur la croissance.

La zone euro voisine est le plus gros partenaire économique du Royaume-Uni.

«Ainsi, même si la Banque d'Angleterre a reconnu que les (récents) indicateurs économiques ont été meilleurs que prévu, un resserrement monétaire n'est pas à l'ordre du jour», a résumé Kathleen Brooks, analyste chez Forex.com.