La chaîne américaine de cafés Starbucks (SBUX) a été accusée par des médias chinois de gonfler exagérément ses prix en Chine, devenant la dernière en date d'une longue liste de firmes étrangères dénoncées pour leurs pratiques commerciales dans le pays.

La télévision centrale d'État CCTV a diffusé dimanche un reportage de sept minutes accusant la firme de gonfler les prix dans ses établissements chinois, et expliquant qu'un grand café latte à Pékin coûte plus cher qu'à Londres, à Chicago ou encore en Inde.

Selon cette enquête télévisée, la boisson revient en effet à 27 yuans (3,22 euros) dans la capitale chinoise, contre l'équivalent de 24,25 yuans à Londres, 19,98 yuans à Chicago et 14,6 yuans à Bombay.

Le reportage de CCTV arrive à la suite d'une série de vives attaques de la presse écrite chinoise à l'encontre du groupe de Seattle. Le journal officiel Economic Information Daily l'a ainsi qualifié de «profiteur», tandis que le quotidien d'Etat China Daily épinglait des «prix élevés (que) Starbucks ne pouvait pas justifier».

Starbucks s'est défendu, dans une déclaration communiquée lundi à l'AFP, en mettant en avant que ses prix différaient selon les villes en raison de facteurs variés, parmi lesquels le niveau des investissements, les prix de l'immobilier, les taux de change ou encore le coût du travail.

«Chaque marché pour Starbucks est unique et implique des coûts opérationnels distincts», a expliqué l'entreprise.

La récente insistance des médias d'État sur Starbucks «s'explique très probablement parce qu'il s'agit de la plus grande et de la plus célèbre» chaîne de cafés à l'occidentale en Chine, a estimé Kevin Yeong, directeur du cabinet Benchmark Asia Research Group.

«Depuis plusieurs mois, j'ai de vives inquiétudes à l'égard de toutes les firmes étrangères en Chine, car il semble bel et bien que le gouvernement essaie de les restreindre», a-t-il ajouté.

De fait, plusieurs fabricants étrangers de laits infantiles et des firmes pharmaceutiques, accusés d'entente sur les prix ou de corruption, ont récemment fait l'objet d'enquêtes par les autorités chinoises.

De son côté, le géant américain de l'informatique Apple avait été l'objet l'an dernier d'une vague d'attaques au sujet de son service après-vente et de ses conditions de garantie, différentes en Chine.

Dans le cas de Starbucks, la différence des prix pratiqués reflète non seulement des facteurs économiques, mais également la variété des statuts que revêt la chaîne de cafés selon les marchés.

Ainsi, aux États-Unis, Starbucks réalise une grosse partie de ses revenus avec les ventes à emporter, tandis que la plupart des clients chinois au contraire consomment sur place et il n'est pas rare de voir certains y rester des heures durant, a expliqué James Roy, analyste senior du cabinet China Market Research Group.

En Chine, Starbucks «investit davantage pour faire de ses cafés un environnement premium en soi», a-t-il souligné.

Et les prix de Starbucks restent conformes à ceux pratiqués par ses concurrents étrangers dans le pays, et sont même parfois inférieurs, a abondé M. Yeong.

Starbucks avait commencé en 1999 à s'implanter en Chine, où il compte désormais plus de 1.000 enseignes et continue de s'étendre. Le pays pourrait détrôner l'an prochain le Canada comme deuxième plus gros marché du groupe après les États-Unis.

Des internautes raillaient sur les réseaux communautaires la campagne médiatique en cours, pointant du doigt ses simplifications et observant que de l'immobilier aux automobiles, en passant par les niveaux d'imposition, la liste de ce qui est plus cher en Chine que dans d'autres pays était longue.

De son côté, Starbucks a affiché lundi sur son compte officiel Weibo (équivalent chinois de Twitter) le cliché malicieux d'un crayon surmonté d'un petit cheval: rébus pouvant être décrypté, par homophonie en mandarin, comme une insulte à caractère obscène - un clin d'oeil qui faisait les délices du web chinois.