Pour la première fois en deux ans et demi, le chômage est reparti à la baisse cet été en zone euro, un signal encourageant mais encore très fragile, alors que plus de 19 millions d'hommes et femmes sont toujours sans emploi dans la région.

Selon des données révisées publiées mardi par Eurostat, le chômage a légèrement reculé en juillet à 12,0% contre 12,1% le mois précédent. Il s'est ensuite stabilisé en août à 12,0%. Ce recul est une première au sein de la zone euro depuis février 2011.

«Sachant que le marché du travail a tendance à réagir aux évolutions économiques avec un peu de retard, les perspectives d'emploi peuvent continuer à s'améliorer au cours des prochains mois», estime Ben May, économiste pour Capital Economics.

Mais il ne faut pas s'attendre à autre chose qu'une amélioration très graduelle, prévient-il, alors que la zone euro vient tout juste de sortir de la plus longue phase de récession de son histoire.

Le ton est encore plus prudent à Bruxelles.

«Le chômage a peut-être cessé d'augmenter cet été mais nous avons toujours 26,5 millions de personnes sans emploi (dans les 28 pays de l'Union européenne) dont près de 5,5 millions de jeunes de moins de 25 ans», a rappelé le commissaire responsable des Affaires sociales, Laszlo Andor.

«Les créations d'emplois ne sont pas encore reparties. La reprise économique naissante est très fragile et certainement pas encore riche en emplois», a-t-il insisté dans un communiqué.

Pas de satisfecit

Les chiffres montrent que le chômage n'a cessé de croître en un an, avec 895 000 personnes venues grossir les rangs depuis août 2012.

La situation s'est nettement dégradée à Chypre sur les douze derniers mois, où le taux de chômage est passé de 12,3% à 16,9% et en Grèce, où il est passé de 24,6% en juin 2012 à 27,9% un an plus tard. En Espagne, le chômage est resté stable en août, à 26,2%, tout près de son niveau record.

Dans ces pays lourdement frappés par la crise, le chômage des jeunes fait craindre l'émergence d'une génération perdue. Il touche 61,5% des moins de 25 ans en Grèce et 56% en Espagne, soit largement plus d'un jeune sur deux.

Dans ce contexte, il est «crucial de mettre en oeuvre des politiques de l'emploi proactives», a souligné M. Andor, citant des aides à l'embauche, le soutien individualisé à la formation, etc. Il présentera d'ailleurs mercredi des propositions pour renforcer la dimension sociale de la zone euro.

Dans le même temps, des pays comme l'Autriche (4,9%), l'Allemagne (5,2%) et le Luxembourg (5,8%) affichent des taux de chômage très bas, signe des disparités criantes au sein de la zone euro.

Dans tous les cas, plusieurs indicateurs laissent penser que la situation reste plus que fragile: l'indice (PMI) mesurant l'activité dans le secteur manufacturier de la zone euro, publié mardi, a mis en évidence «la faiblesse du marché du travail» dans ce secteur, en septembre.

En Allemagne, l'Agence pour l'emploi a indiqué que le nombre de chômeurs avait augmenté de 25 000 en données corrigées des variations saisonnières en un mois, avec un taux de chômage en légère hausse en septembre.

Enfin, en France, l'enthousiasme de récentes statistiques vient d'être douché par la révélation d'un bogue survenu chez l'opérateur de télécoms SFR. Résultat, le recul du nombre d'inscrits au chômage en août a été artificiellement gonflé. Sans cet incident, il aurait été moitié moindre. Ces erreurs «n'ont aucun impact sur le taux de chômage de la France», a toutefois précisé à l'AFP Eurostat.