L'OCDE a pressé mercredi les chefs d'État attendus pour le sommet du G20 à Saint-Pétersbourg de donner un signal fort contre l'évasion fiscale, estimant que cette occasion ne se présentait qu'«une fois par siècle».

«Des moments comme celui-ci, il y en a une fois par siècle», a expliqué à l'AFP Pascal Saint-Amans, en charge des questions fiscales pour le compte de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), faisant référence au relatif consensus international sur la nécessité de lutter contre l'évasion fiscale.

Ce thème, l'un des principaux sujets mis en avant pendant la présidence russe du G20, doit être abordé jeudi et vendredi au sommet des chefs d'État et de gouvernement du G20 à Saint-Pétersbourg.

Le responsable de l'OCDE a assuré que l'organisation était «capable d'avoir le soutien de l'instance politique de facto la plus puissante du monde» sur deux chantiers majeurs : imposer l'échange automatique de données fiscales entre les administrations des différents pays comme nouveau dénominateur commun et combattre l'évitement fiscal des entreprises, qui profitent des failles dans les systèmes fiscaux pour payer le moins d'impôt possible.

Le G20 pourrait s'inspirer des règles adoptées par les États-Unis en matière d'échanges de données fiscales, regroupées dans l'accord FATCA ou «loi sur l'acquittement des obligations fiscales relatives aux comptes à l'étranger». Cette loi oblige les banques étrangères à livrer des informations sur leurs clients imposables aux États-Unis, sous peine de sanctions financières.

«Nous espérons progresser au G20 vers l'adoption d'une règle commune inspirée de FATCA», a indiqué mercredi sur son blogue la sous-secrétaire américaine au Trésor Lael Brainard.

M. Saint-Amans a toutefois reconnu que les chefs d'État et de gouvernement des 20 principales économies mondiales ne s'engageraient vraisemblablement pas sur un calendrier pour le passage à l'échange automatique.

«Il n'y aura peut-être pas de 'deadline', des engagements à aller vite», a-t-il ajouté.

Dans un communiqué, l'Union européenne a indiqué qu'elle plaiderait lors du G20 «pour que l'échange automatique d'informations devienne la norme au niveau mondial» et qu'elle soutiendrait «tous les efforts visant à assurer sa mise en oeuvre rapide».

Les organisations non gouvernementales s'inquiètent de l'absence d'échéance pour l'application de ces mesures.

«Le G20 ne peut continuer à donner le sentiment qu'il joue la montre», a affirmé Sébastien Fourmy, d'Oxfam France.

Oxfam presse en particulier le club des pays les plus riches d'inclure dans leurs actions les pays les moins avancés, qui souffrent vivement de l'évasion fiscale, mais se trouvent démunis pour y faire face.

«Au cours des deux seules journées du sommet de Saint-Pétersbourg, 1,7 milliard d'euros (2,4 milliards$) se seront envolés vers les paradis fiscaux. Une somme qui suffirait à financer la moitié du budget national 2013 du Sénégal ou ... 17 attaquants pour le Real Madrid, au choix», s'est indignée l'organisation dans un communiqué.

De son côté, l'organisation américaine Global Financial Integrity a estimé que l'échange automatique d'informations constituait «un des meilleurs moyens» de lutter contre l'évasion fiscale et a demandé aux pays du G20 de se joindre dès cette année au programme pilote de l'UE en la matière.