Les pays émergents d'Europe centrale et orientale ayant subi au début de l'année un fort ralentissement de la croissance semblent tirer leur épingle du jeu avec de nombreux signes de reprise économique.

«Plusieurs marchés boursiers d'Europe émergente - la Pologne en particulier - ont relativement bien résisté durant les récentes ventes d'actions dans les pays émergents. Nous pensons que cette région peut continuer à se comporter mieux que d'autres régions émergentes, même lorsque les prix commenceront à se stabiliser», estime dans son rapport d'août Capital Economics, basé à Londres.

La Pologne, poids lourd de la région avec ses 38 millions d'habitants, a vu son PIB progresser de 0,4% au deuxième trimestre, après +0,2% au premier trimestre.

«Il y a plusieurs facteurs qui témoignent d'une reprise économique: meilleure dynamique de la production industrielle, accélération de la consommation des ménages, meilleure dynamique des ventes au détail», souligne Piotr Bielski, analyste à la banque polonaise WBK.

«Les entreprises signalent une hausse des commandes, affluant surtout de l'étranger. Le sentiment des consommateurs s'améliore aussi, il est au plus haut depuis 2011», note-t-il.

La République tchèque, troisième économie d'Europe centrale après la Pologne et l'Autriche, est sortie de la récession dans laquelle elle était plongée depuis 18 mois. Son PIB a progressé de 0,7% au deuxième trimestre par rapport au trimestre précédent, à égalité avec l'Allemagne, son principal partenaire économique.

L'économie tchèque est largement tributaire de l'industrie automobile, représentant plus de 20% de sa production industrielle, et de ses exportations en Europe occidentale.

«Le développement de l'économie tchèque continuera à dépendre largement de la reprise en zone euro», estime Tomas Vlk, analyste à la banque d'investissement Patria Finance à Prague.

L'économie hongroise était sortie de la récession au premier trimestre, affichant une belle hausse de 0,6% de son PIB. Elle a nettement ralenti au deuxième, avec une progression de seulement 0,1% en raison d'une consommation des ménages déprimée, mais en rythme annuel le PIB a progressé pour la première fois depuis 2011. En même temps, la production industrielle a augmenté de 0,9% sur un an, après une baisse de 3,1% au premier trimestre, ce qui «suggère que la reprise est bien là», selon Capital Economics.

En Slovaquie, membre de la zone euro, le PIB a progressé de 0,3% au deuxième trimestre comparé au trimestre précédent où il avait augmenté de 0,2%.

Le taux de chômage, toujours assez élevé, est toutefois en baisse depuis six mois, tombant en août sous la barre de 14%.

«Étant donné le degré d'ouverture de l'économie slovaque, c'est la demande extérieure qui fait ou défait la croissance slovaque», souligne Vladimir Vano, analyste à la Sberbank à Bratislava.

«La proximité des marchés occidentaux, les facilités de transport, de logistique, favorisent les pays d'Europe centrale par rapport aux pays asiatiques, tout comme souvent une meilleure qualité de produits offerts par cette région», estime M. Bielski.

La Roumanie, un des pays les plus pauvres de l'UE, a vu son économie progresser l'an dernier de 0,7%. La croissance devrait être de 2% cette année, selon une prévision revue à la hausse par le FMI. Le Fonds est globalement positif sur les avancées du pays.

L'économie roumaine, qui a du mal à créer des emplois, profite des exportations d'automobiles (Dacia Renault et Ford), vers l'Europe occidentale. Les ventes du secteur ont atteint 12 milliards d'euros en 2012, soit 3% du PIB du pays.

L'Estonie, membre de la zone euro, a vu son PIB progresser de 0,1% au deuxième trimestre et table sur une croissance de 2,0% en 2013.

La croissance en Lituanie a ralenti à 0,6% au deuxième trimestre, après +1,3% au trimestre précédent. Le ministère des Finances de ce pays, candidat à l'euro en 2015, prévoit toutefois une croissance de 3% sur l'ensemble de 2013.

Le Lettonie, qui va adopter la monnaie européenne le 1er janvier 2014, a connu elle aussi un ralentissement de la croissance à 0,5% au deuxième trimestre, après +1,4% sur les trois premiers mois.

«Nous voyons que les services, le bâtiment et le commerce de détail croissent plus vite que l'industrie de transformation orientée vers l'exportation. Cependant, je m'attends à ce que les exportations repartent en 2014, étant donné que l'environnement extérieur s'améliore», estime Andris Strazds, analyste à la banque Nordea à Riga.

«Le plus grand risque pour les économies émergentes d'Europe centrale et orientale, c'est l'incertitude qui pèse sur la durabilité de la reprise économique mondiale. Une rechute mondiale stopperait l'élan de ces économies», estime Piotr Bielski.