La roupie indienne accélérait sa baisse mercredi matin et la Bourse de Bombay trébuchait, en raison des inquiétudes sur l'état des finances du pays et l'éventualité d'une intervention militaire des Occidentaux en Syrie.

La devise indienne, qui ne cesse de perdre de sa valeur depuis plusieurs semaines, accélérait sa chute mercredi en lâchant plus de 3% face au dollar américain et atteignait un nouveau record de faiblesse.

Elle valait 68,38 roupies pour un dollar US mercredi à la mi-journée, soit un très léger mieux par rapport aux 68,74 atteint plus tôt en matinée, qui marquait un nouveau plus bas historique.

Depuis le 1er janvier 2013, la roupie a perdu près d'un quart de sa valeur, puisqu'elle valait 55 roupies pour un dollar fin 2012.

La Bourse de Bombay perdait, elle, 1,66%, toujours à la mi-journée, dans le sillage des autres places asiatiques et des Bourses européennes et américaines la veille, avec la possibilité d'une frappe sur la Syrie par les Occidentaux, après l'attaque présumée à l'arme chimique perpétrée par le régime de Damas. Elle a reculé de plus de 3% en début de séance.

La monnaie indienne pâtit de pensions géopolitiques et de facteurs intérieurs, a résumé Ashutosh Raina, analyste chez HDFC. «La fuite (des capitaux) vers le dollar refuge devrait intensifier la pression sur la roupie à court terme», a-t-il ajouté.

Les économistes de la Standard Chartered Bank tablent sur une roupie à 70, avant une légère reprise.

La veille, la roupie avait déjà dévissé, après l'adoption par le parlement d'un gigantesque plan d'aide alimentaire à deux tiers de la population, dont le coût effraie les marchés, alors que l'Inde affiche déjà un fort déficit. Ce programme portera à 19 milliards de dollars US le coût annuel de l'aide alimentaire.

Le ministre des Finances, P. Chidambaram, avait assuré que le pays pouvait assumer le coût de ce programme. «Nous avons fait nos comptes, il y a assez d'argent pour ce plan d'aide alimentaire» sans qu'il soit nécessaire de passer outre l'objectif de déficit budgétaire, qui est de 4,8% du PIB, avait déclaré le ministre.

Les critiques de ce plan en soulignent le coût et prévoient que ces subsides se perdront dans le réseau de distribution public d'aide alimentaire, notoirement corrompu. Ils y voient par ailleurs une mesure populiste, quelques mois avant les élections générales de mai 2014.

Outre ses problèmes intérieurs (déficit public élevé, croissance en berne, manque de confiance des investisseurs...), la roupie pâtit de l'annonce par la Réserve fédérale américaine (Fed) d'un prochain ralentissement de ses achats d'actifs, qui alimente des mouvements de sortie de capitaux hors des pays émergents.

Les investisseurs, souhaitant bénéficier de la remontée des taux d'intérêt aux États-Unis, rapatrient en effet massivement les sommes investies dans les pays émergents qui leur semblent présenter des fragilités structurelles.