À peine plus d'un mois après son arrivée à la tête de la Banque d'Angleterre (BoE), Mark Carney n'a pas déçu les attentes en liant tout resserrement de sa politique monétaire ultra-accommodante à la baisse du chômage, un changement majeur pour la «Vieille Dame».

Très attendue par le marché, la BoE a ainsi annoncé mercredi qu'elle n'envisagerait pas de relever son principal taux d'intérêt, actuellement au niveau exceptionnellement bas de 0,50%, ni de réduire ses injections massives de liquidités, tant que le taux de chômage sera supérieur à 7% au Royaume-Uni.

Cela ne devrait pas arriver au moins avant la fin du deuxième trimestre 2016, date limite des projections publiées mercredi par la BoE. Selon les dernières statistiques, le chômage s'est inscrit à 7,8% en mai.

Si la reprise économique venait à avoir besoin d'un nouveau coup de pouce, la Banque d'Angleterre pourrait même «mettre en place de nouveaux rachats d'actifs».

«Le Comité de politique monétaire (CPM) entend, au minimum, maintenir la politique monétaire actuelle exceptionnellement accommodante jusqu'à ce que l'atonie de l'économie soit substantiellement réduite», a insisté Mark Carney, dans le cadre de sa première conférence de presse depuis sa prise de fonctions le 1er juillet.

«Notre but est d'aider à consolider la reprise» qui est «en cours», mais reste «faible», a ajouté le Canadien.

En effet, pour M. Carney, ancien gouverneur de la Banque du Canada, l'économie britannique n'a pas encore atteint la «vitesse de libération» qui permettra à la croissance de décoller.

Mais cet engagement sur les taux - «forward guidance» en anglais - est tout de même soumis à des conditions liées au niveau de l'inflation et à la «menace» qu'il pourrait représenter pour la stabilité financière.

«Étant donné l'amélioration marquée et étendue de l'économie et les sondages indiquant que les consommateurs s'attendent à une hausse des taux d'intérêt au cours des douze mois à venir, la Banque d'Angleterre a à coeur de rassurer les entreprises et les consommateurs», a commenté Howard Archer, économiste chez IHS Global Insight.

Ainsi, les consommateurs et les entreprises ne devraient pas être tentés de limiter leurs dépenses et leurs investissements, par crainte d'une remontée des taux.

En annonçant une telle trajectoire des taux, la BoE a répondu aux attentes du ministre britannique des Finances, George Osborne, qui avait demandé à la banque centrale de publier des projections de long terme détaillées pour sa politique monétaire, assorties d'objectifs intermédiaires, en s'inspirant de la Réserve fédérale américaine (Fed).

La banque centrale américaine s'engage à maintenir son taux directeur entre 0 et 0,25% au moins tant que le taux de chômage restera au-dessus de 6,5% (il s'est établi en juillet à 7,4%).

Dans son rapport trimestriel sur les perspectives de l'inflation et de la croissance dans le pays publié également mercredi, la BoE a par ailleurs relevé ses prévisions de croissance pour l'économie britannique pour le second semestre 2013 et les deux années suivantes.

La croissance devrait ainsi retrouver le seuil de 2% dès fin 2013 - début 2014, et non plus courant 2014 comme précédemment estimé, et s'ancrer au-dessus de ce niveau au moins jusqu'à mi-2016.

La BoE a en revanche prévenu que l'inflation risquait de «rester proche de 3% à court terme» et qu'elle ne devrait pas retrouver le niveau cible de 2% avant fin 2014, contre mi-2014 estimé dans son rapport de mai.

Saluant mercredi la décision de la BoE, M. Osborne a jugé que cette approche était «cohérente avec le mandat» confié par le gouvernement à la BoE sur la stabilité des prix.

Pour venir en aide à une économie alors en profonde récession, la banque centrale avait abaissé en mars 2009 son taux d'intérêt directeur au niveau historiquement bas de 0,50% et mis en place un programme de rachats d'actifs - dit d'«assouplissement quantitatif» - dont le montant total a été progressivement relevé pour atteindre 375 milliards de livres (576,2 milliards de dollars) en juillet 2012.