Les banques françaises ont regagné les faveurs des investisseurs après des résultats trimestriels bien meilleurs qu'attendu, tournant définitivement la page d'une année 2012 plombée par une rafale d'éléments exceptionnels et marquée par des réductions de bilan drastiques.

Entre avril et juin, la première banque française BNP Paribas a dégagé un bénéfice de 1,76 milliard d'euros en baisse bien plus limitée que ce qu'attendaient les analystes. Le groupe Crédit Agricole a vu le sien bondir de 60% à 1,39 milliard d'euros tandis que Société Générale a largement dépassé les prévisions en doublant son résultat à 955 millions d'euros.

«Ce sont des bonnes publications en général pour les trois banques» même si les plans de restructuration et les cessions qui ont eu lieu l'année dernière rendent la base de comparaison difficile, estime Gabriella Serres, analyste crédit chez Aurel BGC.

À la Bourse, depuis deux semaines, BNP Paribas a gagné 7,54%, Crédit Agricole 6,88% et Société Générale 13,72% alors que le CAC 40 ne s'est adjugé que 2,79%.

«Aussi bien pour des questions de dynamique de résultat que pour des questions de base de capital, les résultats sont d'assez bonne tenue, surtout par rapport au reste de l'Europe», renchérit Cyril Meilland, analyste chez Kepler Cheuvreux spécialisé sur les banques.

Entre les nouvelles normes réglementaires dites de Bâle III, les conditions de marché difficiles et le ralentissement de l'économie, les banques françaises avaient en effet dû réduire la voilure ces deux dernières années.

En 2012, Crédit Agricole s'est ainsi séparé à perte de sa coûteuse filiale grecque Emporiki et a cédé notamment son courtier Cheuvreux. Société Générale s'est séparée notamment de sa filiale grecque Geniki et de la société d'investissement américaine TCW.

Les trois établissements ont également réduit leurs engagements en banque de financement et d'investissement et se sont débarrassés des titres trop exposés. Parallèlement, ils ont mis en place des programmes d'économies: 900 millions d'euros sur 3 ans pour SocGen, 650 millions d'euros dans le même temps chez Crédit Agricole quand BNP Paribas vise 2 milliards d'économies dès 2015.

Les éléments exceptionnels ont moins pesé

Conséquence: sur les six premiers mois de 2013, les éléments exceptionnels ont moins pesé et avec une activité maintenue, voire en hausse, les résultats ont été bien accueillis par les investisseurs.

En outre, les banques ont maintenu sous contrôle leur coût du risque (provisions pour risque d'impayés) très scruté dans un environnement économique toujours difficile.

«La bonne nouvelle du trimestre c'est le niveau de provisionnement, parce que là où l'on pouvait s'attendre à ce que l'économie aille un peu plus mal, nous avons vu dans pas mal de divisions des niveaux de provisions inférieurs à ceux du premier trimestre, ce qui est très rassurant», indique Cyril Meilland.

Une amélioration qui est due selon lui à «l'évolution de la conjoncture et (à) la façon dont elles ont géré leur bilan et leur portefeuille de crédit depuis le début de la crise».

Mme Serres estime de son côté que «si les banques se sont recentrées sur les coûts, du côté des revenus et des créances douteuses, elles ne sont pas totalement sorties d'affaire. Il faudrait aussi qu'il y ait une remontée des taux pour que les revenus nets d'intérêts s'améliorent».

En revanche, «comme les banques ont réussi à restructurer, à diminuer les encours et à diminuer leurs actifs, elles ont une solvabilité et une liquidité meilleures», juge l'analyste d'Aurel.

Dans son rapport annuel sur l'économie française détaillé lundi, le FMI souligne le «bas niveau de rentabilité des banques» françaises, estimant aussi que «le système financier français a encore des progrès à faire pour s'adapter pleinement aux nouvelles exigences prudentielles internationales».

Le rapport note aussi que les banques françaises dépendent toujours fortement des marchés pour se financer, et recommande d'utiliser l'outil des incitations fiscales sur les produits financiers pour changer cette situation.