Certes, le panorama est sombre en zone euro après un nouvel épisode de récession - le sixième d'affilée - au premier trimestre de 2013. Pourtant, foi des investisseurs, il y a des raisons de croire qu'une embellie se profile à l'horizon.

On admettra que le printemps est plutôt déprimant en Europe ces temps-ci. Et ce n'est pas seulement à cause du temps plus frais que la normale dans certains pays.

Les consommateurs européens broient du noir et sont figés par la peur, selon des sondages.

Le chômage touche toujours plus de la moitié des jeunes en Grèce et en Espagne.

Et l'économie de la zone euro s'est contractée de 0,2% au premier trimestre, la sixième baisse d'affilée et la plus longue glissade depuis l'arrivée de la monnaie unique en 1999.

Et pourtant, des signes se multiplient laissant espérer que les pays les plus mal en point du Vieux Continent connaîtraient un regain de vie à la fin de 2013 ou au début de 2014.

Les titres de dette recherchés

Premier indice d'un été pas très lointain pour les Européens: la bonne humeur des marchés financiers.

Les grands investisseurs, qui se targuent d'anticiper les retournements de tendance avant le commun des mortels, se ruent littéralement sur les titres de dette des «PIIGS» - les paumés de l'Europe - soit le Portugal, l'Irlande, l'Italie, la Grèce et l'Espagne.

Les chiffres sont impressionnants: la demande des investisseurs a atteint 13 milliards d'euros (17,5 milliards CAN) pour les emprunts de l'Italie, la semaine dernière, et 21 milliards d'euros pour ceux de l'Espagne, selon l'agence Bloomberg. Et on parle de 10 milliards pour le Portugal (au début de mai) et de 12 milliards pour l'Irlande lors de son émission en mars.

Sans oublier que les taux de rendement exigés par les investisseurs, si frileux l'hiver dernier, ont fortement diminué depuis un an.

En plus, les étrangers s'arrachent les titres obligataires européens, signe que la confiance renaît outre-mer. Il y a 10 jours, le Portugal, qui était banni des marchés jusqu'en janvier, a par exemple placé 86% de son emprunt à 10 ans auprès des étrangers.

Mais d'où vient cette confiance, alors que le bilan économique de ces pays reste si mauvais?

De plusieurs sources, à commencer par le rebond des exportations.

L'Espagne vend ses produits

La demande internationale pour le savoir-faire européen est en effet bien vivante et elle se raffermit. On apprenait jeudi que les exportations de la zone euro ont grimpé de 2,8% en mars (par rapport à février), les quatre principales économies du continent ayant enregistré des augmentations sensibles.

L'Espagne, qui hier affolait tout le monde, enregistre des succès enviables à l'étranger. À force de tailler dans les salaires, du privé et du secteur public, le pays a gagné en productivité. Si bien que les exportations espagnoles ont bondi de 5,3% en mars, soit une hausse bien supérieure à celle de l'Allemagne (" 3,2%).

Derrière la grisaille actuelle, on oublie que les exportations espagnoles ont progressé de 2,8% de plus que la moyenne des exportations mondiales en 2012. «Il y a en Espagne des petites pousses (green shoots) comme disent les Anglo-Saxons», affirme Patrick Artus, économiste en chef de la banque Natixis dans une note financière. Autrement dit, il y a des lueurs d'espoir.

«Le pays prend globalement les bonnes mesures pour [...] une reprise durable», ajoute Simon O'Connor, adjoint au commissaire européen aux affaires économiques, Olli Rehn.

Même la Grèce, où est née la crise européenne, semble sortir d'un long coma. Athènes attend cette année 17 millions de touristes, qui dépenseront 11 milliards d'euros au pays. Un record! Les Grecs ont même recommencé à accumuler des économies dans les banques hellènes, ces mêmes banques qu'ils fuyaient comme la peste il y a un an.

Si bien que, mardi dernier, la firme Fitch a rehaussé d'un cran la note de crédit de la Grèce (à «B-» comparativement à «CCC» auparavant), et ce, peu après que le Fonds monétaire international (FMI) eut salué «les progrès» significatifs de la Grèce sur les plans budgétaire et économique.

Fitch, qui écarte désormais les risques de sortie de la Grèce de la zone euro, s'attend à ce que la récession du pays soit moins importante que prévu en 2013, à -4,3%, comparativement à une prévision précédente de -6,4%. Elle anticipe même une faible reprise en 2014.

On décèle aussi des signes de vie au Portugal, dont les exportations augmentent régulièrement. Le français Peugeot-Citroën et l'allemand Volkswagen vont d'ailleurs augmenter leur production dans ce pays pour profiter des salaires attrayants.

Et l'Irlande est carrément sur une lancée. Au bord du gouffre il y a quatre ans, l'ancien Tigre celtique verra son économie croître de 1,8% cette année et de 2,7% l'an prochain, selon un institut économique national qui, la semaine dernière, a revu à la hausse ses prévisions. Les moteurs de cette reprise? Encore les exportations et les investissements étrangers...

Bon, ce n'est pas le Pérou de notre imaginaire ni la Chine contemporaine. Mais l'Europe n'est plus en chute libre. C'est déjà ça.

On a aussi raison d'espérer qu'avec les réformes économiques, toujours nécessaires et fort attendues, le beau temps va revenir un jour.

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EN CHIFFRES

+ 2,8%: hausse des exportations de la zone euro en mars (par rapport à février), les quatre principales économies du continent ayant enregistré des augmentations sensibles.

+ 5,3%: augmentation des exportations de l'Espagne en mars.