À 24 ans, Olha Völter a deux enfants de 4 et 6 ans. Sa formation en secrétariat, acquise dans son pays d'origine, l'Ukraine, n'est pas reconnue en Allemagne.

Elle a trouvé une bouée de sauvetage à Berlin, au centre de formation professionnelle de l'organisation non gouvernementale SOS Kinderdorf. La jeune femme blonde, grâce à ses acquis, a pu entrer en deuxième année dans un programme de formation de trois ans en secrétariat.

«C'est une chance pour moi, s'exclame-t-elle. J'apprends beaucoup.»

Le centre de formation de SOS Kinderdorf offre une deuxième chance aux jeunes adultes qui ont de la difficulté à trouver une place dans le système dual traditionnel, parce qu'ils n'ont pas terminé leur cours secondaire, qu'ils ont de très mauvaises notes, qu'ils proviennent d'un milieu défavorisé ou qu'ils ne maîtrisent pas l'allemand.

Une bonne partie des 250 jeunes adultes qui suivent une formation dans l'un des 10 métiers offerts par le centre de formation proviennent de l'immigration. Plusieurs, comme Olha, ont des enfants.

Cette clientèle a besoin d'une aide particulière. «Pour certains, l'autre option, ce serait la prison», affirme Susanne Lange, directrice adjointe du centre de formation.

Elle raconte que, dans certaines familles, on dépend de l'aide sociale depuis trois générations.

«Le jeune est le seul à se lever le matin pour aller travailler, souligne-t-elle. Les autres membres de la famille lui demandent pourquoi il fait cela.»

Dans d'autres familles, on trouve de l'alcool, de la violence. Des jeunes filles sont forcées de se marier très tôt. Des garçons doivent se montrer forts et imperturbables alors qu'ils sont en détresse.

«Sur la scène politique, on discute parfois, on se demande s'il y a réellement un besoin pour une organisation comme la nôtre, on se dit qu'il y a déjà des entreprises qui offrent des formations, indique Mme Lange. Mais il y a certains jeunes qui ne sont pas compatibles avec le système.»

Financement mixte

L'organisation est financée à 75% par les gouvernements et à 25% par des donateurs. C'est ainsi qu'une dame italienne, qui avait un lien émotif avec l'Allemagne et qui avait entendu parler du centre de formation, lui a donné une importante somme. Le centre a utilisé cet argent pour ouvrir un restaurant-école dans ses murs. Le Rossi, du nom de la bienfaitrice, sert de 120 à 150 repas par jour à la clientèle locale. Il permet de former 90 apprentis aux cuisines et dans la salle à manger, comme Wissam Atriss, jeune homme de 25 ans d'origine libanaise.

Maintenant dans sa deuxième année dans un programme de formation de trois ans, il a déjà fait des stages à l'extérieur, notamment dans un hôtel de la réputée chaîne suisse Mövenpick.

«Peut-être qu'un jour, je pourrai ouvrir mon propre restaurant», lance-t-il.

Au début de la formation, bien des personnes ont de la difficulté.

«Dans la salle à manger, il faut être calme, rapide, avoir une bonne mémoire, énumère Mme Lang. Certains oubliaient la commande entre la table et la caisse. Mais nous travaillons avec eux pendant deux ou trois ans, et ça va.»