La production de biens et services des 27 pays membres de l'Union européenne (UE) a reculé durant l'automne. En fait, seuls six pays de l'ancien bloc de l'Est ont poursuivi leur croissance, les républiques baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie) en tête.

À l'opposé, parmi les économies les plus éclopées, on observe l'Italie et Chypre qui seront au coeur du sommet des chefs de gouvernement réunis à Bruxelles jeudi et vendredi. Il y sera aussi question de chômage, un fléau qui attaque aussi désormais la stabilité politique de pays comme la France, où le taux des demandeurs d'emploi atteint un sommet en 13 ans.

En rythme annualisé, l'économie chypriote a reculé de 4% durant l'automne. Seuls la Grèce et le Portugal ont connu pire sort. L'Italie fait à peine mieux avec une plongée de 3,6%.

Chypre a officiellement demandé l'aide de la troïka formée de la Banque centrale européenne (BCE), de l'UE et du Fonds monétaire international (FMI). La petite économie de 18 milliards d'euros (environ 24 milliards de dollars canadiens) croule sous le poids de sa dette (100% de son produit intérieur brut) et de celle de ses banques dont elle se veut garante.

Le FMI a déjà suggéré que sa participation à un plan de sauvetage serait conditionnelle à la contribution des déposants. Bref, ils devront subir une perte sur leurs dépôts, un peu comme les détenteurs privés d'obligations grecques ont dû gommer la moitié de la valeur de leurs créances, il y a un an.

Nicosie refuse cette avenue. Il fait valoir qu'une grande proportion des dépôts dans ses banques est détenue par des Russes, ce qui est de nature à exacerber des tensions politiques dans un pays encore déchiré entre ressortissants grecs majoritaires et turcs.

L'UE et la BCE planchent sur un plan qui pourrait davantage protéger les déposants, mais ce ne sera pas facile. Un régime d'assurance dépôt à l'échelle de l'UE ou à tout le moins des 17 pays membres de la zone euro (dont fait partie Chypre) n'existe toujours pas.

Il y a donc danger de saignée des banques, susceptible de devenir contagieuse et de toucher d'autres institutions financières affaiblies par leurs économies nationales.

L'impasse politique persistante en Italie depuis le scrutin non décisif de la fin de février aggrave l'instabilité de la troisième économie de la zone euro, plongée dans une quatrième récession en 10 ans.

Vendredi, l'agence de notation Fitch a dévalué la note de crédit des obligations de la Péninsule qui passe de A- à BBB, avec perspective négative de surcroît.

Le trublion Silvio Berlusconi jouit d'une minorité de blocage au Sénat, ce qui stoppe la voie au démocrate Pier Luigi Bersani pour former un gouvernement capable de poursuivre les réformes économiques impopulaires mais nécessaires amorcées par le technocrate Mario Monti.

De son côté, la France, qui prône de ralentir l'austérité pour ne pas tuer tout espoir de relancer la croissance, accumule les mauvaises nouvelles. Après un troisième trimestre de décroissance sur quatre en 2012 durant l'automne, sa production industrielle s'est de nouveau contractée de 1,2% en janvier. La production en usine a quant à elle reculé de 1,4%. Voilà qui explique les milliers de licenciements annoncés par ses constructeurs automobiles Peugeot Citroën et Renault.

Dans pareil contexte, il est hautement improbable que l'Hexagone parvienne à contenir à 3% de son produit intérieur brut (PIB) son déficit budgétaire pour l'exercice en cours, comme Paris s'y était pourtant engagé.

En dépit de l'embellie qui se profile en Allemagne, l'Europe, et en particulier la zone euro, ne sortira pas de son bourbier cette année.

En revanche, les économies du Japon et surtout des États-Unis paraissent enfin aptes à décoller. L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoit même qu'elles raviront au Canada le championnat de la croissance, cette année.

Il est vrai que l'économie canadienne paraît essoufflée quelque peu, mais elle ne semble pas avoir épuisé tous ses ressorts, comme en font foi les chiffres de l'emploi, des mises en chantier et du commerce extérieur, publiés la semaine dernière.

La vivification des première et troisième économies du monde ne peut que stimuler celle du Canada alors que la Chine semble réussir à contenir ses difficultés.